On ne le dira jamais assez, on est toujours reconnaissants que le Zoofest continue de donner une visibilité aux artisans de l’ombre permettant aux finissants auteurs de l’ÉNH d’avoir leur propre spectacle. On reconsidère toutefois la pertinence du concept des sketchs, qui ne sont pas toujours à la hauteur.
Exit le concept entier (on ne s’est jamais remis de l’hommage maladroit à Éric Lapointe), on a uniformisé le spectacle toujours intitulé Sketchetera, en assumant entièrement ses segments discordant et en les mettant en scène comme des improvisations contrôlées, indice de lieux et de personnages à l’appui. Plus question de se donner des airs de Bye Bye avant l’heure et si certains sujets du moment peuvent y passer, on évite les chansons trop populaires ou parodiques, tout comme des critiques trop politiques.
Le résultat, entre gentillesse et vulgarité, ne tient toutefois qu’à un fil. Certes, au niveau de l’interprétation c’est toujours impeccable. Si des noms intéressants sont passés par là dans le passé, de Simon Laroche à Emmanuel Schwartz, en passant par Sandrine Bisson, Julie Ringuette, Sébastien René et Linda Bouchard, les quatre noms présentés cette année offrent encore une dévotion à toute épreuve pour incarner avec vivacité les sketchs souvent assez énergiques.
Si Joëlle Paré-Beaulieu revient, elle fait face à trois nouveaux venus qui en ont certainement dans le ventre, de la très sympathique Isabeau Blanche, évoquant souvent Léane Labrèche-D’or, au pendant masculin en les personnes de David Leblanc et Gabriel Paré.
Quelques ratés
Sauf qu’à l’image de la mise en scène plutôt anonyme, reposant presque entièrement sur les performances physiques de ses comédiens, accessoires et changement de décors limités à des tables et des chaises, le spectacle s’enfile maladroitement.
On comprend difficilement l’intérêt mal défini pour les épiceries (il y a trois sketchs sur des dégustations qui n’ont pourtant aucuns liens ensemble) et certaines thématiques amènent des questions comme l’intérêt évident de Catherine Cliche sur le monde de l’enfance.
Il y a bien des idées qui épatent, comme cet homme qui vient se magasiner un enfant dans une garderie, ou cette intervention pour un personnage en carton qui permet de remettre en perspective des expressions qui prennent un tout autre sens, mais on regrette que certaines ne soient pas utilisées à leur plein potentiel, ou, à l’inverse, beaucoup trop étiré.
De cette cohorte qu’on aime féliciter pour être presque entièrement féminine, on ne peut passer sous silence les textes des deux gars, Thierry Leblanc et Louis Girard-Bock, apportant un niveau de testostérone qui ne passe certainement pas aperçu. Grâce à l’énergie de David Leblanc, on y découvre un personnage macho problématique, mais, surtout, un père criard qui crée tout un émoi avec la police.
On sent ainsi quand même un désir de déjouer les conventions et les attentes et de nous amener dans des lieux ou des situations familières ou connues, mais qui dérapent lentement ou rapidement. Comme cette grand-mère qui ne sait plus quoi faire pour bien faire comprendre son désir brûlant de mourir, ou cette entreprise pyramidale basée sur des lapins. On regrette toutefois que le tout file souvent trop vite et essaie un peu trop de surprendre facilement, alors que l’on ne se permet pas beaucoup d’aller au-delà des concepts.
Comme ce sketch particulièrement vulgaire dans un parc qui malgré la simplicité et la facilité de ses détours a quand même fait réagir énormément la salle par des immenses fous rires.
On gardera quand même en tête, en plus des trois noms nommés précédemment, ces huit finissants auteurs qui comprennent également Edith Landry-Michaud, Marie-Hélène Racine-Lacroix, Julie Beausoleil, Claudia Turcotte et Marianne Vachon.
On appréciera également ce sketch final judicieux et assez fou, réunissant tout le monde sur scène, auteurs et interprètes inclus, terminant dans une excellente chorégraphie montrant l’unité indéniable de cette cohorte aux idées certainement flyées.
Il ne reste plus qu’une seule représentation de Sketchetera cuvée 2019 au Studio Hydro-Québec, dans le cadre du Zoofest, vendredi soir à 19h.