Bien qu’elle figure parmi les séries ayant la plus longue longévité de toute la bande dessinée franco-belge, Le Scrameustache ne semble pas près de s’essouffler, et il suffit de lire La Porte des deux mondes, le plus récent album mettant en vedette l’extraterrestre et sa bande, pour s’en convaincre.
Après 28 ans de séparation, l’oncle Georges a enfin renoué avec Astrid, son amour de jeunesse, et les deux tourtereaux ont décidé d’unir leurs destinées. Pour célébrer l’événement comme il se doit, le Conseil des Anciens Galaxiens invite les nouveaux mariés sur leur planète pour le voyage de noces, mais à peine débarqués sur Aktarka, de puissantes secousses sismiques viennent gâcher les vacances du couple, déterrant au passage un monument enseveli depuis des centaines d’années dans une région inhabitée appelée la Zone sacrée. Aidé de Khéna et du Scrameustache, l’oncle Georges découvrira qu’il s’agit en fait d’une porte spatiotemporelle vieille de 7000 ans permettant de se transporter instantanément de la nébuleuse du Chat à la constellation de l’Aigle, mais en activant la machine, il causera, sans le savoir, tout un émoi sur Galactica, le monde se trouvant de l’autre côté de ce mystérieux portal.
C’est en 1972, dans les pages du Journal de Spirou, que Khéna, l’oncle Georges et le Scrameustache, un extraterrestre aux pouvoirs télépathiques capable de changer temporairement les êtres vivants en statues de sel, ont vécu leurs premières aventures. Puisqu’il y avait peu de science-fiction s’adressant spécifiquement aux jeunes à l’époque, la bande dessinée a remporté un immense succès, et près de cinquante ans plus tard, Gos, le créateur original, continue encore de faire vivre ses célèbres personnages. Tout en glissant quelques références aux albums précédents, La Porte des deux mondes propose un récit entièrement autonome, qui n’est pas sans rappeler celui du film Stargate, et qui saura satisfaire à la fois les lecteurs de longue date et les nouveaux venus en cultivant, à travers un humour léger, le plaisir de la découverte comme celui des mots.
S’il s’est raffermi et a évidemment pris de l’assurance avec le temps, le coup de crayon de Gos n’a pas vraiment changé depuis les débuts du Scrameustache, et on reconnaît au premier coup d’œil son style visuel et ses personnages arrondis. Comme c’est le cas depuis le tome 12, son fils Walt participe également à ce nouvel opus. Puisque les décors sont parfois dénués et qu’il opte la plupart du temps pour des couleurs franches et pleines plutôt que des dégradés, La Porte des deux mondes revêt un aspect rétro, une impression renforcée par le fait que les ovnis arborent un look de soucoupe volante classique des années 1960 et que les Galaxiens soient littéralement des « petits hommes verts », mais malgré cette simplicité apparente, en mélangeant habilement l’iconographie égyptienne et la science-fiction, la signature graphique contribue à créer un bel album.
Avec sa science-fiction amusante et son univers coloré, La Porte des deux mondes a tout ce qu’il faut pour plaire aux jeunes d’aujourd’hui, tout en rappelant de bons souvenirs à ceux et celles qui lisaient Le Scrameustache dans leur jeunesse.
Le Scrameustache, Tome 44: La Porte des deux mondes, de Gos et Walt. Publié aux Éditions Glénat, 48 pages.
Un commentaire
Pingback: Critique Le Scrameustache T44: La Porte des deux mondes - Patrick Robert