Un vent socialiste souffle aux États-Unis, mais le maire de New York Bill de Blasio ne faisait pas allusion au révolutionnaire en lançant «Hasta la victoria, siempre!» devant les travailleurs en grève de l’aéroport de Miami, rapporte le quotidien mexicain La Jornada le 28 juin. Malgré les excuses pour cette référence à Che Guevara, les anticastristes de l’État de la Floride en ont profité pour épingler ce candidat à l’investiture démocrate.
Après avoir participé à un débat entre aspirants à la candidature présidentielle démocrate dans la soirée du 26 juin, pendant lequel les électeurs latino-américains étaient ciblés par l’emploi de l’espagnol, Bill de Blasio s’est rendu le 28 juin à l’aéroport international de Miami par solidarité avec les travailleurs en grève qui dénonçaient leurs conditions de travail déplorables. À la manière de Pierre Karl Péladeau qui a levé son poing dans les airs pendant un point de presse, le précandidat démocrate a crié: «Hasta la victoria, siempre!».
«Totalement dégoûtée», la sénatrice de l’État de la Floride, Annette Taddeo a critiqué l’emploi de cette phrase sur Twitter. «C’est complètement inacceptable. Comment quelqu’un peut-il prétendre être un dirigeant du monde libre et citer un guérillero assassin, à Miami, ni plus ni moins», a-t-elle écrit. La sénatrice a ajouté: «Une communauté remplie de ses victimes.»
Le sénateur Rick Scott, d’allégeance républicaine, a également commenté l’affirmation sur Twitter: «Au cas où quelqu’un doute que les démocrates qui aspirent à la présidence soient en train d’adopter le socialisme, Bill de Blasio se trouve à Miami citant Che Guevara.»
Encore sur Twitter, le précandidat démocrate Bill de Blasio a répondu à ses détracteurs: «Je ne savais pas que cette phrase que j’ai employée aujourd’hui à Miami était associée à Che Guevara et je n’avais pas l’intention d’offenser qui que ce soit qui l’aurait interprété de cette façon.»
Rejet des inégalités
Aux États-Unis, la colère suscitée par la crise financière de 2008 par le pouvoir des grandes entreprises et par la stagnation des salaires a précipité le retour des mouvements contestataires : longue grève des salariés du secteur public dans le Wisconsin et mouvement Occupy Wall Street en 2011, mobilisation des travailleurs de la restauration rapide pour l’augmentation du salaire minimum en 2014, grève des enseignants et des infirmières en 2018, énumère le fondateur et directeur de la publication de la revue Jacobin, Bhaskar Sunkara dans le Monde diplomatique de juin.
Au lendemain de l’élection de Donald Trump en 2016, le nombre de membres des Socialistes démocrates d’Amérique (DSA) a augmenté pour atteindre 50 000 aujourd’hui. Après l’élection, le nombre d’abonnés à Jacobin, une revue qui tente de définir une ligne politique claire à la gauche du Parti démocrate, est passé de 15 000 à 36 000. La plupart des nouveaux lecteurs sont des jeunes de moins de 30 ans.
Les DSA sont devenus un refuge où anarchistes et communistes côtoient des partisans du candidat démocrate Bernie Sanders, en parallèle d’un vaste mouvement de rejet des inégalités à l’échelle du pays.
2 commentaires
Pingback: Les employés d’Amazon font la grève aux États-Unis - Pieuvre.ca
Pingback: Des algorithmes à la chasse à la fraude électorale - Pieuvre.ca