Mais que se passe-t-il avec Mathieu Handfield? L’iconoclaste – et ô combien sympathique – personnage supervise d’une main de maître, depuis deux saisons déjà, l’excellente série Mouvement deluxe, un ensemble de sketchs animés aux personnages aussi excentriques qu’accrocheurs. Une série qui étonne, parfois, mais qui réussit toujours à convaincre.
Au fil des courts épisodes, cinq personnages récurrents, dont quatre amis et un vieil homme au fort accent gaspésien (ne cherchez pas à comprendre!) enchaîne les saynètes et les sketchs, mêlant adroitement l’irrévérence, l’absurde, l’humour et l’inattendu. Qu’il s’agisse de running gags, de mises en situation loufoques, ou encore, simplement, d’une blague qui se termine en quelques secondes, les épisodes de Mouvement deluxe se consomment à la chaîne. Cela tombe bien, d’ailleurs, puisqu’ils sont disponibles en ligne, que ce soit sur YouTube ou directement sur le site de la série.
Avec un savant mélange d’animation et ce qui pourrait passer pour l’utilisation de marionnettes (on soupçonne ici l’emploi de plusieurs techniques combinées), les personnages donnent l’impression d’être véritablement présents. On leur trouve un relief qui fait habituellement défaut dans des séries animées. À l’exception, bien entendu, de Kevin et Keven, deux personnages ajoutés à la deuxième saison pour faire plaisir à Teletoon, le nouveau diffuseur. Ces deux compères, aux dialogues délicieusement insignifiants, sont animés par ordinateur, mais avec un soin tout particulier apporté à leur apparence: avec leur allure d’animaux de laboratoire échappés d’un sombre centre où l’on inventait des personnages en 3D au début des années 90, leurs proportions ne cadrent pas avec le reste de la distribution. Pire, leurs bras passent bien souvent les uns à travers les autres, dans un beau cas de clipping qui ferait grincer les dents des puristes du cinéma ou des jeux vidéo, mais qui, ici, fait éclater de rire.
Mouvement deluxe, avec ses très courts épisodes, évite les écueils d’autres séries du genre, où les situations peuvent effectivement être absurdement humoristiques, à la Philactère Cola ou à la Like-moi, mais où les gags sont aussi parfois trop longs, ce qui vient gâcher le plaisir.
En compagnie de ses amis et collègues, qu’il s’agisse de Gabriel D’Almeida Freitas, de Patrick Evans ou de Simon Lacroix à la scénarisation, ou encore de Jean-Philippe Baril Guérard, Catherine Brunet, Pierre-Yves Cardinal et ce même Patrick Evans à l’interprétation, Mathieu Handfield propose donc une fantastique série qui permet de se changer les idées et d’accepter que l’absurde a bel et bien sa place dans notre monde déjà déjanté. Après tout, qui n’a pas envie d’entendre Guy Nadon doubler un chien mégalomane et meurtrier?
À consommer sans modération.
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