Judicieusement associé à Toy Story, en toute ironie cela dit, Child’s Play, cette relecture des mésaventures de Chucky, la célèbre poupée meurtrière, était la fausse bonne idée qui finalement fonctionne assez bien, promettant beaucoup de plaisir pour une toute nouvelle génération.
Les modes se chevauchent et dernièrement on joue à fond la caisse la carte des remakes, de la nostalgie et des relectures modernes. Ce nouveau Child’s Play, se détachant entièrement de l’intérêt et de la participation des membres originaux, souscrit à toutes ces tendances, en plus d’oser ressusciter une franchise qui continuait pourtant sa lancée avec un nouveau volet directement en DVD sorti pas plus tard qu’il y a deux ans.
La proposition était donc foncièrement risquée, et sa pertinence hautement discutable. Il n’en demeure pas moins que malgré l’horrible nouveau design de la poupée, cette nouvelle vision, qui essaie certainement de s’offrir ses propres bases et son propre univers, est une jolie réussite bien agréable à plusieurs niveaux.
Le concept est le même: un jeune garçon se retrouve en contact avec une poupée qui s’avère être un psychopathe meurtrier inattendu. Les circonstances, les revirements et, surtout, les motivations, sont toutefois entièrement différents.
Exit les incantations voodoo (même si l’introduction au Vietnam nous a fait peur), place au réalisme (jusqu’à un certain point, entendons-nous) et aux conséquences démoniaques de la technologie de notre époque (l’homme est à l’origine de sa propre perte de toute façon, c’est bien connu). Les poupées Buddi sont en connexion directe avec tout ce qui est électroniquement « intelligent » et on peut ainsi y lier relativement tout appareil qui se retrouve dans une maison, sinon plus.
Ajoutez à cela un Andy plus âgé, s’approchant de l’adolescence, une bande d’amis pour le côté The Goonies et toutes propositions similaires, et une jolie panoplie de personnages habitant l’immeuble, côté Hitchcock et son Rear Window oblige, ce qui ajoute un twist intéressant au détective qu’on implique dans tout cela.
De fait, sans pour autant jouer trop intensément la carte des déboires de l’enfance comme le faisait le surestimé remake de It, ce nouveau Child’s Play prend quand même la peine de bien établir sa psychologie, améliorant au passage ce qui ironiquement a toujours cloché le plus dans les films précédents: Chucky. Certes, d’avoir Mark Hamill en performance vocale aide beaucoup, mais pour la première fois de toute la franchise, on se retrouve à prendre la marionnette en pitié dans cette réflexion singulière sur l’amitié et la loyauté. L’effort se nourrit grandement de la naïveté de l’enfance comme principal leitmotiv, s’appuyant sur le contraste habituel de la dureté du monde adulte.
Bon, la mise en contexte traîne un peu en longueur et les problèmes d’ouïe du protagoniste n’ont pas véritablement leur raison d’être, mais lorsque le long-métrage se lance dans le carnage et le chaos, il offre plusieurs moments absolument délirants. Il y a du gore, il y a de l’humour (le baptême de la poupée et du choix de nom est assez amusant) et il y a du carnage dans une scène finale où tout dérape avec jouissance, incluant une variation de la poupée qui vaut amplement le détour. On doit également beaucoup à la distribution qui compte notamment la toujours pétillante Aubrey Plaza, étonnamment à l’aise en contre-emploi de jeune mère monoparentale, le très en demande Bryan Tyree Henry et le nuancé jeune premier qu’est Gabriel Bateman.
On apprécie également tout le soin de cette œuvre qui n’a pas seulement été fait pour surfer sur un vieux succès. Au contraire, la réalisation de Lars Klevberg profite grandement de son terrain de jeu des lieux aux objets, tout comme de son montage qui étire judicieusement de beaux moments de tension, jouant régulièrement avec le rythme, se laissant continuellement bercer par les mélodies inquiétantes et hypnotisantes de Bear McCreary et laissant continuellement le scénario de Tyler Burton Smith respirer. Pourtant, le cinéaste n’en est encore qu’à ses débuts, tout comme c’est le cas du scénariste, ce qui ne les empêche pas de faire montre d’une belle aisance et assurance, épaulé également des jolies images bien colorées et mises en lumière par Brendan Uegama qui a fait le plus gros de ses classes à la télévision.
Sans être nécessairement essentiel ni véritablement très profond ce nouveau Child’s Play en offre grandement pour son argent et amuse considérablement. Il fait frissonner, grimacer et rire aux éclats, volontairement, à plus d’un moment, surtout avec des plusieurs répliques lancées juste au bon moment. Un excellent divertissement du genre qui préfère récompenser son public au lieu de le prendre pour un idiot. Pour cela, on lui en est bien reconnaissant.
7/10
Child’s Play prend l’affiche en salles ce vendredi 21 juin.
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