Ce sont à présent plusieurs des grandes compagnies du monde, de la technologie jusqu’aux banques, qui admettent que les changements climatiques vont affecter négativement leurs affaires. Quoique quelques-unes, comme la pharmaceutique Eli Lilly, y voient une opportunité… avec l’augmentation des risques de maladies infectieuses.
Se basant sur les données qui lui ont été fournies à titre volontaire par plus de 7000 compagnies en 2018, CDP, une firme internationale de consultants (anciennement le Carbon Disclosure Project), a calculé dans son rapport 2018, publié le 4 juin, que 215 des 500 plus grosses compagnies de la planète pourraient, à elles seules, devoir assumer une facture de 1000 milliards en deux décennies, uniquement à cause du climat: impacts des canicules sur les employés et les équipements, diminution de la production agricole, impacts d’éventuelles taxes sur le carbone, factures croissantes pour les assureurs… À l’inverse, du côté des impacts économiques positifs se trouvent aussi les investissements accrus dans les énergies propres.
Plusieurs de ces compagnies estiment de plus qu’une bonne partie des risques vont se matérialiser dès les cinq prochaines années. Par exemple, le manufacturier japonais Hitachi prévoit des perturbations dans son réseau d’approvisionnement en Asie du Sud-Est à cause des précipitations accrues. La banque brésilienne Banco Santander prévoit des difficultés accrues chez les emprunteurs pour rembourser leurs prêts à cause des sécheresses dans le pays. Google prévoit que les canicules plus fréquentes augmenteront les coûts pour maintenir au frais ses centres de traitement de données. Dans l’ensemble, selon le rapport, le secteur financier court davantage de risques de pertes que tous les autres réunis.
Ce ne sont toutefois qu’une partie des risques que prétend mesurer ce rapport: plusieurs multinationales n’ont pas soumis de données pertinentes sur leur consommation de CO2 ou leur vulnérabilité aux changements climatiques et parmi elles, on compte les géants du pétrole Exxon Mobil et Chevron. La compagnie française Total, par contre, est dans la liste et s’inquiète de ce que les pressions de l’opinion publique pour sortir du pétrole puissent rendre impossible l’exploitation de certaines réserves de gaz et de pétrole.
C’est souvent sous la pression de leurs actionnaires que ces compagnies se livrent à cet exercice de transparence: certains y voient une manière détournée d’obliger leur compagnie à faire preuve d’une meilleure conscience environnementale, d’autres invoquent l’obligation légale, pour toute compagnie cotée en bourse, de faire part de toute information susceptible d’affecter sa valeur financière. Une analyse à ce sujet parue en décembre dernier dans Nature Climate Change concluait que les compagnies ne révélaient ces risques que « sporadiquement et de manière incohérente ».
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