Un an après avoir offert l’un des films d’animation le plus révolutionnaire en termes de concept avec l’intemporel Inside Out, Pixar joue encore avec notre cerveau, mais en visant la mémoire, voulant nous rappeler coûte que coûte qu’il y a 13 ans, un film meilleur arrivait à nous charmer.
Suite à une introduction qui remet en ordre la nouvelle perspective de cette suite (on se concentrera uniquement sur Dory, autant sur ce qu’elle est et ce qu’elle représente), on se retrouve pas moins d’un an après les aventures précédentes. Et d’une certaine façon, oui, on renoue très bien avec l’univers sublime (quoiqu’un poil au deçà du visuellement splendide, mais inconséquent court-métrage Piper qui précède), que ce soit la délicatesse de l’océan qu’on recrée avec justesse, le réalisme de la luminosité, la chaleur des couleurs ou même la folie des personnages, anciens ou nouveaux, puisque Andrew Stanton et son équipe savent décidément comment créer des personnages des plus colorés.
Le hic toutefois c’est que plus d’une décennie a passé et que tout le monde a vieilli, le temps n’épargne pas le public. Et n’en déplaise aux charmes de Ellen DeGeneres qu’on retrouve autant en voix que dans le faciès de l’inimitable Dory, il est impossible de mettre nos attentes de côté lorsqu’on réalise qu’on met en place l’ébauche d’un film qui veut seulement constamment ramener à l’avant-plan celui qui nous avait tant épatés par le passé.
Ainsi, on s’intéresse au personnage avec qui tout le monde est tombé en amour pour lui donner droit à ses origines et sa propre aventure. La nouvelle excuse facile de Hollywood pour nous offrir un antépisode communément appelé « prequel » sans vraiment l’appeler de cette façon. Toutefois, si cela marche mieux que dans un certain Alice Through The Looking Glass ou un The Huntsman: Winter’s War, c’est qu’un travail indéniable semble se trouver derrière.
Oui, l’histoire stagne et tourne régulièrement en rond, le procédé du flashback qui à l’image de sa solution sème des indices fragment par fragment par le biais de caractéristiques qui nous ont marqués par le passé, s’épuise bien rapidement. De plus il était inutile de nous expliquer tout ce que Dory fait et de le justifier par des détours aussi simplistes. Par contre, ce nouveau road-trip a droit à des clins d’œil fabuleux (impossible de résister à Sigourney Weaver) et des personnages comme dit précédents auxquels on adhère immédiatement.
C’est que Disney Pixar n’a pas nécessairement misé sur les noms les plus prestigieux et a plutôt voulu investir dans du vrai talent humoristique. Oui, Albert Brooks reprend du service et n’a pas changé d’une tonalité dans son interprétation de Marlin, alors que c’est Hayden Rolence qui devient Nemo parce que Alexander Gould qu’on a relégué à un cameo a évidemment mué, Diane Keaton et Eugene Levy sont même de passage au même titre que Dominic West et Idris Elba. Sauf qu’on est aussi allé chercher Bill Hader et Kate McKinnon de Saturday Night Live, mais aussi Ed O’neill et Ty Burrell de la sitcom Modern Family, et, surtout, la splendide Kaitlin Olson qui trouve enfin un autre grand rôle outre son inoubliable Sweet Dee de la sitcom It’s Always Sunny in Philadelphia.
Et si on a fait des pieds et des mains pour trouver une histoire entièrement originale, il n’est pas surprenant que Crush et Mr. Ray soient pratiquement les seuls personnages ou presque qui reviennent quand on sait qu’ils sont interprétés par nul autre que Andrew Stanton et Bob Peterson qui ont travaillés sur l’histoire et/ou la réalisation. À cela, soyez patients puisqu’à l’instar du premier volet, il y a une scène cachée à la toute fin du générique sous la forme d’un jouissif clin d’œil au premier film.
Niveau histoire d’ailleurs, si on salue le désir de faire une certaine fable écologique, on regrette qu’on délaisse les splendeurs de l’océan pour se concentrer davantage sur le monde des humains (moins impressionnant) et donnant lieu à des revirements tous plus saugrenus les uns des autres. Comme quoi on a véritablement embrassé l’absurde du premier volet et délaissé tout réalisme. Et disons que l’impossibilité de la chose est grandissante au fur et à mesure que le film s’intensifie.
Enfin, Finding Dory est plaisant. Longuet certes et réducteur dans sa façon de présenter des personnages cruellement unidimensionnels (on a retenu du premier qu’on aimait surtout un trait de chaque personnage donc on s’est dit cette fois qu’il était inutile de les développer alors qu’au contraire c’était leur forte dimension qui nous attirait), mais néanmoins charmants et un testament plein d’espoir et fortement naïf sur l’espoir que peut avoir l’Alzheimer à long terme.
Blague à part, Finding Dory est un film qui nous répète ad nauseam qu’il est important de ne pas oublier d’où l’on vient et dans son cas, en voulant à tout prix se rappeler et nous rappeler qu’il y a longtemps un film des plus original et réussi parvenait à tout bousculer sur son passage, il nous rappelle aussi qu’à cette époque Pixar avait encore le pouvoir de nous ébranler, ce qu’il ne fait ici qu’à peine à moitié.
6/10
Finding Dory prend l’affiche ce vendredi 17 juin.
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