Sur la rue Sainte-Catherine à Montréal, dans l’église anglicane St Jax transformée pour l’occasion en une scène de théâtre, une troupe de Toronto présente une œuvre intitulée Other Jesus.
Proposée dans le cadre du Festival TransAmériques, cette pièce en anglais avec des surtitres en français est une adaptation de ce qui est advenu il y a quelque 2000 ans, lorsqu’un rabbin nommé Jésus s’adonna à un enseignement spirituel qui démarra avec quelques disciples pour s’étendre, au cours de l’histoire, à une grande part de la population mondiale.
Du point de vue du judaïsme, le messie est seulement une promesse qui n’a pas vraiment pour fonction de se réaliser. Mais comme le messie est censé apporter la paix et la réconciliation de tous les êtres humains, il y a eu dans l’histoire du judaïsme l’émergence d’une multitude de ce que l’on nomme des « faux messies », des individus qui ont été suivis par de nombreux disciples sans forcément créer une nouvelle croyance.
Dans Other Jesus, Jésus débute son enseignement avec deux amis qui sont frère et sœur, Simon et Mary. Le père de Jésus est charpentier, et tout ressemble d’assez près – dans le cadre d’une œuvre de théâtre contemporain – au Jésus que nous connaissons, les anachronismes et autres fantaisies mis à part. Car le texte d’Evan Webber ne se veut évidemment pas une reconstitution de l’histoire contenue dans les quatre Évangiles canoniques, ni même d’autres Évangiles que l’on nomme apocryphes, c’est-à-dire inauthentiques, et que le canon de l’Église a écartés.
Les adaptations sont légions au théâtre. Et l’on a, avec Other Jesus, un personnage charismatique qui songe à la justice sociale avec des concepts contemporains anticapitalistes, qui possède comme tout le monde un téléphone et qui s’éprend d’une jeune fille (interprétée par un homme) qui souffrait de sinusites provoquées par des maux de dents auxquels son dentiste ne pouvait rien.
Dans des costumes qui se veulent toutefois proches des représentations des crèches vivantes qui ont cours à la période de Noël, sur une musique qui ressemble à une partition de cloches d’église mais interprétée par des guitares électriques, de nombreux écarts par rapport à l’histoire telle qu’on la connait permet de sourire au cours de la pièce mais peut-être auraient-ils pu être encore davantage appuyés. On passe un moment agréable, mais cela ne donne pas suffisamment à réfléchir alors qu’il me semble, après coup, que tout le potentiel réflexif est présent et trop vite expédié.
Car ce qui m’a semblé le plus intéressant, en effet, mais sans doute pas suffisamment exploité du point de vue de la narration, c’est précisément le fait que l’on a durant tout le spectacle, non pas le Jésus que l’on connait mais Other Jesus, un prédicateur qui ressemble à s’y méprendre à l’autre mais sans l’être dans les faits.
Other Jesus, du 29 au 31 mai 2019, à l’Église St-Jax, dans le cadre du Festival TransAmériques.
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