Les médias allemands Der Spiegel et Süddeutsche Zeitung ont rendu publique, le 17 mai, une vidéo compromettante montrant le vice-chancelier Heinz-Christian Strache négociant avec la nièce d’un oligarque russe. La coalition gouvernementale a éclaté; des élections sont prévues pour le mois de septembre, rapporte La Vanguardia le 19 mai.
Aux élections de 2017, la formation d’extrême-droite de Heinz-Christian Strache, le Parti de la liberté de l’Autriche (FPÖ) est arrivé en troisième place avec 26% des voix, derrière les sociaux-démocrates. Cependant, le conservateur Sebastian Kurz, qui a remporté la chancellerie avec 31,5% des voix, a décidé de former une coalition avec l’extrême droite. Cette coalition a gouverné le pays pendant un an et demi, depuis le mois de décembre 2017.
La vidéo compromettante a été tournée à l’aide d’une caméra cachée dans une maison d’Ibiza, en Espagne. Accompagné d’un autre membre du FPÖ, Johann Gudenus, et de leurs épouses, le quatuor y rencontre une femme russe, supposément riche, à laquelle Heinz-Christian Strache promet son appui pour d’éventuelles transactions économiques en Autriche au cas où le FPÖ accéderait au gouvernement. En réalité, cette femme n’était que l’appât d’un piège.
Parmi les diverses possibilités d’investissement, Heinz-Christian Strache lui a proposé d’acquérir un nombre considérable d’actions du quotidien sensationnaliste autrichien Kronen Zeitung afin d’appuyer la campagne électorale du FPÖ. Il a dit qu’avec ce quotidien, le nombre de voies pour son parti pourrait passer de 27% à 34% en ajoutant que «les journalistes sont les plus grandes prostituées de la planète».
Le politicien extrémiste a aussi parlé de son intérêt à modifier le paysage médiatique en Autriche lors de la rencontre, comme l’a fait le premier ministre de la Hongrie, Viktor Orbán en contrôlant la majorité de la presse de son pays.
À la suite de la diffusion de la vidéo, les réactions n’ont pas tardé, comme l’écrit le New York Times. Devant les faits, M. Strache a présenté sa démission, tandis que le chancelier Kurz a fait savoir, cette fin de semaine, que des élections anticipées seraient déclenchées vers la fin de l’été.
Lundi, la scène politique autrichienne a glissé un peu plus dans le chaos, alors que le FPÖ a retiré ses ministres toujours en poste de la coalition gouvernementale. M. Kurz avait déjà demandé au président de limoger son ministre de l’Intérieur, Herbert Kickl, l’un des principaux membres du FPÖ. C’est entre autres sous l’égide de M. Kickl que l’Intérieur avait mené un raid contre le département anti-extrémisme de son propre service de renseignement, ce qui avait poussé l’opposition à affirmer que le ministre tentait de faire place nette de ses opposants politiques.
Confronté à la chute du gouvernement, le président autrichien Alexander Van der Bellen devra nommer des technocrates pour assurer l’intérim jusqu’en septembre.
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