Quand un groupe d’étudiants canadiens partis en excursion dans les bayous de la Louisiane se retrouve coincé au beau milieu d’une épidémie inconnue et dévastatrice, le résultat est Green Class, une nouvelle série fort prometteuse signée Jérôme Hamon et David Tako.
Après une classe verte de deux semaines dans les bayous de la Louisiane, Beth, Linda, Lucas, Sato, Naïa et son frère Noah ont vraiment hâte de prendre une douche et de rentrer à la maison. Les jeunes Canadiens sont loin de se douter que, durant leur absence, un virus inconnu, nommé le HB2V, a commencé à se répandre comme une traînée de poudre dans la population, et que l’armée est en train d’ériger des barrages routiers à la grandeur de l’État dans l’espoir de freiner sa propagation. Le groupe d’adolescents tente d’abord de fuir la zone de quarantaine, mais lorsque l’un des leurs exhibe les symptômes de l’infection qui transforme peu à peu ses victimes en sorte de monstres mi-hommes mi-plantes, ils choisissent de rester sur place par solidarité, et se retrouveront aux premières loges pour constater les ravages de la terrible épidémie, contre laquelle l’humanité semble incapable de se prémunir.
Même si Green Class remplace les traditionnels morts-vivants par des créatures végétales, il est difficile de ne pas faire de rapprochements avec The Walking Dead puisque, à l’instar de la bande dessinée de Robert Kirkman, cette nouvelle série présente une fin du monde révélatrice de la nature humaine, où les monstres ne sont pas toujours ceux qu’on croit. Jérôme Hamon apporte une touche d’originalité à une formule somme toute classique, en se servant tout d’abord des changements climatiques comme source de son apocalypse, mais aussi en axant le récit autour d’un groupe d’adolescents canadiens. La nationalité des protagonistes donne d’ailleurs la distance nécessaire au scénariste pour taquiner la culture américaine, de son obsession pour les armes à feu en passant par son fond de racisme ou le fameux mur de Donald Trump, qui n’a pas fini de marquer l’imaginaire collectif.
Réunissant dans un même style des influences de l’école franco-belge et des comics américains, la signature visuelle de David Tako est soignée, riche, et ses illustrations aux traits fins transmettent à merveille l’impression de mouvement. Sa façon de dépeindre l’infection, qui transforme progressivement le visage puis le corps des personnes atteintes pour leur donner les apparences de la créature des marais dans Swamp Thing, dénote une excellente connaissance de l’anatomie humaine. Sa coloration est chatoyante tout en évitant le tape-à-l’œil, et il se sert de l’ordinateur pour des effets de luminosité qui accentuent les contrastes, et augmentent la profondeur de ses dessins. La couverture affiche une texture faussement usée et craquelée, comme si le livre avait passé un certain temps dans l’humidité des bayous, une touche qui complémente bien l’univers de l’album.
Green Class n’est peut-être pas la première bande dessinée à relater une fin du monde provoquée par un virus, mais en ajoutant une dimension écologique à son apocalypse et en mettant en vedette un groupe d’adolescents, l’album possède assez d’originalité (et d’action) pour nous donner envie de connaître la progression de cette terrible épidémie, concoctée par Hamon et Tako.
Green Class, Tome 1 : Pandémie, de David Tako et Jérôme Hamon. Publié aux Éditions Le Lombard, 72 pages.
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