En plus de signer le scénario et les illustrations, Hugues Micol se met lui-même en scène dans Saint Rose, une bande dessinée complètement iconoclaste qui verra l’artiste parcourir le globe à la recherche d’un de ses dessins ayant été mystérieusement volé.
Engagé pour une soirée privée sur le thème des impressionnistes, Hugues Micol déguisé en Van Gogh peint au milieu des fêtards dans une boîte de nuit. Comme personne ne lui prête attention, il se met à dessiner pour lui-même, et là, pris d’une inspiration subite, il accouche d’un trait nouveau, d’une piste graphique qui s’avère pleine de promesses.
Quand, après une pause bien méritée, il revient à son établi, son chef-d’œuvre s’est volatilisé, et seule une plume de perroquet se trouve à sa place. Bien déterminé à retrouver l’oiseau (et surtout, son dessin), Micol fait appel aux services de Santorin Saint-Rose et de son agence « Investigations & Péripéties », et muni de ce seul indice, le bédéiste s’embarquera dans une aventure loufoque qui le mènera des casinos mal famés de Macao aux quartiers cossus de Los Angeles.
Dès les premières pages de Saint Rose : à la recherche du dessin ultime, on est frappé par l’univers déjanté, survolté, et un brin surréaliste, dans lequel nous convie Hugues Micol. En plus d’une intrigue abracadabrante défiant toutes les conventions et d’une galerie de personnages particulièrement éclatés (parmi lesquels un cochon doué de parole, un papou très civilisé, une poule avec des dents, un vilain calqué sur Donald Trump et même une apparition de Scarlett Johansson), Micol s’insère en tant que personnage dans son propre récit, ce qui lui permet de rendre hommage à la bande dessinée en général. Dans une scène d’anthologie, l’artiste croisera nul autre que Captain America, qui lui conseillera d’aller consulter un psy plutôt que de raconter de tels délires dans ses albums…
Bien que, comme l’apprendra l’auteur et héros du récit, le dessin ultime soit une chose inaccessible, la signature graphique d’Hugues Micol dans Saint Rose est absolument délectable. Débordantes de poésie, ses illustrations possèdent une texture ancienne évoquant les feuilletons épisodiques du siècle dernier à la Pieds Nickelés, une impression renforcée par un Santorin Saint Rose qui a des airs d’Errol Flynn, et la coloration très stylisée d’Isabelle Merlet. Avec son agence de détectives ressemblant à un cabinet des curiosités, ses pagodes-casinos recouvertes de néons, son navire d’une autre époque flottant en équilibre sur la cime d’une vague énorme, ou encore une poursuite à dos d’autruche, Micol réussit à provoquer la surprise et l’étonnement à chaque page, avec des planches aussi délirantes que son histoire.
Sorte de « méta-bande dessinée » bien consciente qu’elle est une BD, Saint Rose est un véritable coup de cœur dont il est facile de recommander la lecture à quiconque apprécie le neuvième art. Souhaitons que cet album jouissif donnera naissance à une série en bonne et due forme…
Saint Rose: à la recherche du dessin ultime, de Hugues Micol. Publié aux Éditions Futuropolis, 64 pages.
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