Rebecca Miller continue d’avoir l’œil pour les distributions impressionnantes, mais semble encore incapable de trouver son propre ton, son propre rythme et une histoire qui puisse aller de façon convaincante jusqu’au bout de ses idées. Voilà pourquoi Maggie’s Plan s’essouffle bien avant qu’on ait pu apprécier l’ampleur de ses différents charmes, sommes toutes présents.
C’est l’histoire de Maggie qui veut un enfant, trouve le donneur de sperme idéal jusqu’à ce qu’elle tombe en amour avec un homme marié avec des enfants qui pourrait être son mari idéal si elle brise son mariage. C’est déjà bordélique, mais ça deviendra encore plus compliqué lorsqu’elle réalisera que nos désirs sont souvent plus désordre que des ordres.
Et malgré la gravité de tous ces sujets, le ton est léger, les personnages colorés, les répliques vives et la distribution n’a pas peur de se mettre dans toutes sortes de positions. Après tout, Greta Gerwig a la personnalité nécessaire pour briller, on le sait, alors que les nombreux Ethan Hawke, Maya Rudolph, Bill Hader, ainsi que Julianne Moore, son étrange accent et ses manteaux de poils, n’ont décidément plus besoin de faire leurs preuves.
Pourtant, il n’est pas suffisant de transformer Travis Fimmel en timide vendeur de cornichons, tout comme de faire usage d’humour à des moments tous plus inappropriés les uns des autres, puisque les coins ronds sont finalement des trous scénaristes tellement béants qu’on ne peut que se gratter intensément la tête à essayer de donner un sens à tout ce boucan. Du coup, lorsque le film essaie de se faire plus sérieux après avoir tenté d’épouser tous les codes ou presque des comédies quirky et indie qu’on voit défiler chaque année, du genre Sundance si vous voulez une idée, il s’avère trop tard puisqu’on réalise qu’il n’y a pas tant à soutirer de cet exercice qui tourne en rond.
Ainsi, oui, on y va pour la distribution, mais même elle ne parvient pas à sauver le film de ses détours bizarroïdes et ses prises de position étranges sur la modernité, la famille, le couple, le 21e siècle et on en passe. La création en prend pour son rhume et on vire carrément dans le n’importe quoi lorsque le film trouve son cul-de-sac dans un Québec fantasmé pour ne pas dire désillusionné (pour vrai, y a pas plus risible).
Maggie’s Plan est donc à l’imagine de son histoire : une fausse bonne idée qui retourne au point de départ. Un rendez-vous manqué qui fait regretter qu’on ruine encore une fois une distribution de haut calibre. Dommage.
5/10
Maggie’s Plan prend l’affiche ce vendredi 10 juin.