La semaine dernière, l’Orchestre symphonique de Montréal présentait les Rendez-vous Mozart, une programmation prestigieuse avec des invités de renommée variée, répartie sur quatre jours. Pour clore ces rendez-vous, ce vendredi, le chef invité Hervé Niquet était à la barre de l’OSM et de son chœur. Le programme était simple, mais prometteur: la Symphonie no 41 en do majeur K. 551 « Jupiter » et le Requiem en ré mineur K. 626.
Dans une annonce au public, M. Niquet explique pourquoi la configuration de l’orchestre diffère de l’habitude. Il a choisi de revenir à la configuration qui avait cours autrefois et qui est restée en vogue en France jusqu’en 1940. À priori, cela peut sembler anodin, mais ne vous y trompez pas, cela aura un impact majeur sur nos oreilles et nos convictions.
Nous nous retrouvons donc avec les contrebasses réparties côté cour et côté jardin, des altos sur un rang, de droite à gauche, et des bois tout au centre, accolés au pupitre. Les violons sont toujours à gauche mais ils perdent une partie de leur prépondérance habituelle. En effet, sans que nous soyons capables de dire s’il en est de l’effet de cette disposition ou de la direction d’orchestre (sans doute un peu des deux), la prestation de chacune des sections apparaît plus distincte que dans les interprétations standard. Toutes les nuances sont au rendez-vous et on semble découvrir des secrets de la partition. Non seulement la recette est réussie, mais on goûte davantage chacun des ingrédients. Parfois les cuivres, parfois le basson, parfois la flûte, les lignées mélodiques échappent un peu aux violons pour naviguer entre les sections.
Voilà qui est nouveau ou ancien, selon le point de vue, mais qui ne peut laisser indifférent et même, peut-être un peu déstabilisé. Personnellement, c’est un choix que nous approuvons. Finalement, c’est comme pour un habitué du vin de bordeaux qui se voit offrir un bon millésime de bourgogne: il s’aperçoit que c’est délicat, c’est vif, c’est raffiné.
Pour animer tout ça, Hervé Niquet n’y va pas de main morte. Il choisit l’intensité et la fougue. Sa direction est incisive et joyeuse à la fois.
En deuxième partie de programme, l’effet de surprise étant dissipé, on aurait dit que l’œuvre prenait toute la place, que le chef, le chœur et les solistes étaient totalement au service du Requiem. Une partition magnifique, dont on n’a plus à vanter les mérites et qui a été très bien servie par un chœur puissant, aux riches sonorités et bien préparé par Andrew Megill. Chez les solistes, Philippe Sly, baryton et Heather Newhouse, soprano, ont bien paru alors que John Tessier, ténor et Marie-Claude Chapuis, mezzo-soprano, auraient gagné à paraître davantage.
Dans la deuxième partie de l’offertoire, Hostias, les sopranos du chœur ont été un peu enterrés par l’orchestre alors que dans le Lacrimosa, le chœur au complet nous a donné la chair de poule. Les solistes, quant à eux, se sont particulièrement distingués dans le Benedictus.
À la fin, c’est une salle comble qui a ovationné les musiciens pendant de très longues minutes. Visiblement, ce rendez-vous avec Mozart a rempli ses promesses.
Dans un autre univers, pas plus loin que vos enceintes ou vos écouteurs
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