Depuis quelques années, toutes les réalisations de Clint Eastwood se basent sur des faits vécus (The 15 :17 to Paris, Sully, American Sniper, etc.), et c’est encore le cas avec The Mule, un film relatant l’incroyable, mais vraie, histoire d’un passeur de cocaïne âgé de… 87 ans!
Les temps sont durs pour Earl Stone, un vétéran de la guerre de Corée. Non seulement son ex-femme et sa fille refusent de lui adresser la parole, mais son entreprise d’horticulture est en faillite, et la banque est sur le point de saisir sa maison. Puisque l’ancien vendeur itinérant a passé sa vie entière sur la route, il se voit offrir une somme d’argent pour « conduire » du Texas à l’Illinois, et transporter un sac sans regarder son contenu. Earl effectue une première livraison sans trop poser de questions, puis une autre, et une troisième, et de fil en aiguille, grâce à ses airs de vénérable grand-père, il devient rapidement le passeur le plus en demande, transportant des centaines de kilos de cocaïne par mois, mais entre les luttes internes au sein du cartel mexicain qui l’emploie et l’attention de plus en plus soutenue des agents de la DEA, la chance de l’octogénaire pourrait bien tourner.
Reposant principalement sur un jeu de contraste, The Mule utilise la figure de Leo Sharp (rebaptisé Earl Stone pour les besoins du film), un homme d’une autre époque adorant socialiser, mais dénué de toute forme de filtre, qui fait des blagues de déportation aux Latinos qu’il rencontre ou traite de « nègres » des Afro-américains à qui il vient pourtant en aide sur le bord de l’autoroute, pour pousser le principe de la série Breaking Bad un peu plus loin, et envoyer non pas un prof de chimie, mais un grand-père passionné par les hémérocalles et la polka, dans le dangereux monde des trafiquants de drogue. Le résultat est un long-métrage sympathique, dont l’indulgence à l’égard du passeur de cocaïne qui utilisera son argent mal acquis pour faire le bien autour de lui est quand même surprenante de la part d’un Républicain avoué comme Eastwood.
En dehors de sa prolifique carrière d’acteur, Clint Eastwood signe des longs-métrages depuis maintenant quatre décennies, et The Mule bénéficie de sa longue expérience derrière la caméra, avec une réalisation très soignée, quoique de facture classique. À l’image de son personnage principal, il s’agit d’un film qui aime prendre son temps pour apprécier les beautés croisées en cours de chemin, et qui multiplie les cartes postales, avec son camion roulant à travers les paysages pittoresques séparant le Texas de l’Illinois. Comme il se passe la plupart du temps sur la route, le long métrage donne l’impression d’être toujours en mouvement, ce qui, paradoxalement, n’empêche pas un certain côté atmosphérique, de s’installer, et on a droit à plusieurs scènes où Earl Stone chante simplement par-dessus la radio en conduisant.
En plus de le réaliser, Clint Eastwood tient également le rôle principal dans The Mule. Peu de films mettent en vedette un héros octogénaire, et la performance attachante du comédien de 88 ans constitue un beau pied de nez à l’âgisme d’Hollywood. Le long-métrage réunit une brochette impressionnante d’acteurs (Michael Peña, Taissa Farmiga, un Andy Garcia méconnaissable en baron mexicain de la drogue, etc.), mais à l’exception de Bradley Cooper, jouant un enquêteur de la DEA, et de Dianne Wiest, qui interprète l’ex-femme d’Earl Stone, la plupart ne disposent pas de beaucoup de temps d’écran. Laurence Fishburne par exemple a un si petit rôle que son personnage ne possède même pas de nom au générique. Soulignons la présence de la fille d’Eastwood, Alison, qui incarne… la fille d’Eastwood!
The Mule est disponible en version Combo Pack, incluant le film dans tous les formats existants (Blu-ray, DVD et numérique). On ne trouve par contre pas beaucoup de matériel supplémentaire sur l’édition. Un Making Of d’une dizaine de minutes mettant en vedette les producteurs, les acteurs principaux, et Clint Eastwood, explique les raisons qui ont motivé cette adaptation au grand écran d’un fait divers, en plus de nous emmener dans les coulisses du tournage. On compte également le vidéoclip de la chanson Don’t Let The Old Man In, de Toby Keith, et c’est tout.
Après l’égarement cinématographique que constituait The 15 :17 to Paris, on est heureux de retrouver un Clint Eastwood en grande forme avec The Mule, et sans être aussi magistral que son Million Dollar Baby, l’histoire de cet octogénaire passeur de drogue est assez inusitée, et originale, pour mériter un visionnement.
7/10
The Mule
Réalisation : Clint Eastwood
Scénario : Sam Dolnick (d’après l’article du New York Times de Nick Schenk)
Avec : Clint Eastwood, Dianne Wiest, Michael Peña, Bradley Cooper, Laurence Fishburne et Andy Garcia
Durée : 116 minutes
Format : Combo Pack (Blu-ray + DVD + copie numérique)
Langue : Anglais, français et espagnol
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