Chose promise, chose due: le gouvernement libéral fédéral a respecté, dans son dernier budget avant les prochaines élections, son engagement à offrir un coup de pouce au secteur de la presse écrite, largement mise à mal par la transformation du modèle d’affaires et la disparition des revenus publicitaires dans les poches des géants du web.
Comme le mentionne la Fédération des journalistes professionnels du Québec (FPJQ), dans un communiqué en réaction au dévoilement du budget, à Ottawa, un crédit d’impôt de 25% sur la masse salariale a été offert aux entreprises canadienne de presse écrite pour les cinq prochaines années. De plus, les entreprises ayant le statut d’organisation à but non lucratif (OBNL) se voient octroyer la possibilité d’émettre des reçus fiscaux pour des dons de bienfaisance et un crédit d’impôt pour les abonnements numériques est offert aux particuliers.
Au total, ces mesures doivent coûter environ 600 millions de dollars au trésor public.
Pour bien cibler les bénéficiaires de cette aide étatique, le gouvernement exige entre autres que les entreprises candidates soient des propriétés canadiennes à au moins 75% et soient axées sur des sujets d’intérêt général et la couverture de l’actualité.
Le gouvernement libéral du premier ministre Justin Trudeau a longtemps tergiversé sur la possibilité de venir en aide aux médias d’ici, alors que se multipliaient les fermetures, les compressions budgétaires et les mises à pied. L’ancienne ministre du Patrimoine, le ministère qui chapeaute entre autres les questions journalistiques, Mélanie Joly, a déclaré à plusieurs reprises qu’Ottawa ne voulait pas aider « des modèles d’affaires qui ne fonctionnent pas ».
Après l’annonce de mardi, si la FPJQ se dit satisfaite que le gouvernement ait tenu parole, l’organisation souhaite que le comité qui se penchera sur l’admissibilité des entreprises de presse à cette aide étatique « soit le plus transparent possible ».
Par ailleurs, le regroupement de journalistes et de patrons de presse souligne qu’il ne s’agit ici que d’un premier pas, et que le véritable ennemi à abattre est cette domination des grands joueurs du web, Google, Amazon, Facebook et Apple, tous américains, et qui n’ont bien souvent aucun intérêt à encourager le fonctionnement de la presse d’ici.
Syndicats satisfaits
L’annonce fédérale a également plu à la Fédération nationale des communications (FNC-CSN), qui estime que l’aide financière « permettra d’assurer la pérennité du journalisme professionnel au pays ».
« Les mesures annoncées en novembre se concrétisent enfin, avec à la clé un programme qui définit les contours et l’échéancier de l’aide aux médias. Nous avons désormais l’assurance que les médias pourront toucher ces sommes rapidement. La presse écrite, qui vit la pire crise de son histoire, pourra continuer d’exister et de jouer son rôle de chien de garde de la démocratie », assure Pascale St-Onge, présidente de la FNC-CSN.
« Par ces annonces, le gouvernement Trudeau reconnaît également l’importance d’un travail journalistique rigoureux encadré par des normes professionnelles, alors que la menace des fausses nouvelles va en s’accélérant », poursuit Mme St-Onge dans une réaction transmise par voie de communiqué.