Chris Birden a trois jours pour retrouver le trésor qu’il a lui même enterré un soir de grande beuverie. Facile!, se dit-il: le magot est caché quelque part dans le désert. Voilà donc un bandit pas très futé qui s’embarque dans une aventure rocambolesque aux paysages magnifiquement dessinés par Rémi Farnos, le créateur de la bande dessinée Calfboy, parue chez La Pastèque.
La plupart du temps installé sur un cheval, cheval qu’il n’hésitera pas à voler, et ensuite à remplacer par un autre canasson dont il aura « soulagé » son véritable propriétaire, notre héros, si on peut l’appeler ainsi, réussit toujours à se tirer d’affaire, parfois même contre son gré.
Le type est possiblement un idiot, mais un idiot utile, avec suffisamment de bagou et d’audace pour réussir à se dépêtrer des pires situations. De quoi être pratiquement en mesure d’éprouver de la sympathie pour le bonhomme.
Ce qui est mémorable, toutefois, dans Calfboy, ce n’est pas vraiment le scénario, ou encore la personnalité du personnage principal. Après tout, les histoires de bandits au grand coeur sont légion, que ce soit dans les planches d’une BD, entre les pages d’un livre ou sur le petit ou le grand écran.
Non, ce qui ressort de l’ordinaire, c’est d’abord les aspects parfois diamétralement opposés des personnages et des décors. Car si Rémi Farnos y va d’un trait nerveux, presque minimaliste pour dessiner les personnages et les animaux de son récit, donnant à l’ensemble une fluidité certaine, il semble aussi avoir consacré un temps et une énergie folles à perfectionner ses décors. Non seulement ceux-ci sont-ils richement dessinés, regorgeant de mille et un détails donnant l’impression que nos personnages se déplacent dans des photos, mais le dessinateur joue ici avec les codes des cases et de l’emboîtement de l’action, si l’on puis dire, avec, justement, une dématérialisation des frontières du scénario bédé-esque. Les personnages sont ainsi parfois appelés à se promener un peu partout sur la page, poursuivant leur chemin sur un seul grand décor que l’on subdivise parfois en cases qui n’ont pas nécessairement raison d’être, mais qui confèrent malgré tout un petit quelque chose de traditionnel à l’ensemble.
Voilà donc là toute la subtilité, tout le plaisir que l’on retire à lire ce bel objet littéraire, mais surtout visuel, qui trouvera certainement sa place dans une bibliothèque, en tant qu’exemple par excellence de la possibilité de repousser les limites du neuvième art.
Calfboy, de Rémi Farnos, publié à La Pastèque, 72 pages.
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