D’abord, sortir une tige de bois de son compartiment pour faire tomber un caillou d’un second compartiment. Ensuite utiliser le caillou pour faire bouger une plateforme qui libère un morceau de nourriture. Auriez-vous résolu le casse-tête? Onze corbeaux calédoniens l’ont résolu.
Il semble que plusieurs chercheurs, à travers le monde, tentent de repousser les limites de ce qu’est capable cet oiseau d’ores et déjà réputé pour son intelligence — et qui a prouvé depuis 15 ans qu’il pouvait utiliser plusieurs « outils » mis à sa disposition pour récupérer une noisette. Cette fois, Romana Gruber et ses collègues de l’Université d’Auckland, en Nouvelle-Zélande, ont compliqué l’épreuve: trois compartiments, chacun contenant soit une tige, soit une roche, soit un outil inutile. Les deux outils « utiles » devaient, eux, être employés dans le bon ordre pour réussir à aller chercher la nourriture. Et les trois compartiments étaient séparés les uns des autres, pour que l’oiseau soit obligé de faire le tour d’une petite « cabane » pour les trouver.
Le tout n’obligeait pas seulement l’oiseau à se rappeler ce qui était dans quoi. Il devait surtout « prévoir », dans sa tête, les étapes à suivre — un test traditionnellement difficile, y compris pour un jeune enfant. Quatre des corbeaux y sont parvenus après 20 essais, et les autres ont pris entre 20 et 40 essais. Bémol: le fait que les moins « habiles » aient mis autant de temps peut signifier qu’il s’agit d’un apprentissage par essais et erreurs, plutôt que d’une vraie capacité mentale à « planifier », comme on le définit chez nous. La chercheuse, par contre, insiste dans la revue Current Biology sur le fait que chaque fois que le corbeau est remis en présence du système, que le caillou et la tige sont changés de compartiments, et que les compartiments sont déplacés, il doit bel et bien prévoir, dans sa petite tête, ses « tâches » à venir, s’il veut pouvoir trouver par lui-même sa récompense.