L’Arctique se réchauffe deux fois plus rapidement que le reste de la planète, ce qui provoque le dégel du pergélisol, gelé depuis des dizaines ou des centaines de milliers d’années, ainsi que le relâchement de méthane dans l’atmosphère, contribuant du même coup au réchauffement planétaire. Les conclusions d’une étude rassemblant entre autres des chercheurs de l’IIASA, l’Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués, portent toutefois à croire qu’il est encore possible de neutraliser cette menace.
Le pergélisol, un sol qui demeure gelé pendant au moins deux années consécutives, est habituellement composé de pierres, de terre, de sédiments et de quantités variables de glace qui lie tous ces éléments ensemble.
Dans l’Arctique, où le sol représente le plus vaste puits de carbone organique du monde. Lorsque le pergélisol dégèle, les microbes contenus dans le sol transforment le carbone en dioxyde de carbone et en méthane, deux gaz à effet de serre qui sont connus pour contribuer au réchauffement climatique lorsqu’ils sont relâchés dans l’atmosphère.
Malheureusement, c’est là exactement ce qui se produit en ce moment, en raison des changements climatiques. En fait, les vastes quantités de méthane à risque d’être relâchées des suites de ce processus ont longtemps été décrites comme une bombe à retardement, et inquiètent les climatologues.
Une étude menée par des chercheurs de l’IIASA, du Canada, du Danemark, de la Norvège et de la Suède laisse cependant entendre qu’il est possible de neutraliser la menace du méthane enchâssé dans le sous-sol arctique. L’équipe a évalué divers scénarios, y compris certains d’entre eux où la civilisation humaine continuait d’émettre du dioxyde de carbone et du méthane sans en modifier le rythme actuel, et d’autres où nous respections les objectifs de l’accord de Paris.
Dans leur analyse, les chercheurs ont quantifié le volume maximal de méthane qui pourrait être émis dans la région arctique, puisque cela permet d’effectuer une comparaison avec les émissions humaines de ce même gaz, qui sont bien plus importantes. Bien que les deux estimations ont déjà été présentées séparément, « il est important de les combiner pour indiquer à quel point il est urgent de s’attaquer aux émissions de méthane liées aux activités humaines, particulièrement à l’aide d’un abandon des combustibles fossiles », mentionne Lena Höglund-Isaksson, chercheuse à la NASA.
« Il est important de savoir que la principale source d’émission de méthane est l’activité humaine, et que si nous arrivons à contrôler nos propres émissions, le problème du méthane libéré dans l’Arctique pourra sans doute être contrôlé », ajoute-t-elle.
La solution consiste donc à abandonner les combustibles fossiles, et ce le plus rapidement possible, disent les scientifiques. « Les solutions existent déjà, et souvent à bas coût », souligne Mme Höglund-Isaksson.