Un projet a beau être intéressant et aligner des éléments qui attirent indubitablement l’attention, mais parfois rien n’arrive à sauver un naufrage. Celui-ci s’appelle Blue Iguana et les charmes irrésistibles de l’indomptable Sam Rockwell n’y peuvent malheureusement rien, malgré quelques petits sourires ici et là entre les longs moments d’ennui.
Hadi Hajaig change à nouveau de style et s’offre cette fois quelque chose de plus léger, mais non pas dénué de fusils. Encore une fois bien entouré, il présente finalement un nouveau projet six ans après son satisfaisant Cleanskin, et a envie de s’offrir un petit délire chez les petits mafieux et les bandits pas trop futés.
Dieu merci, on n’a pas trop envie de jouer dans les plates-bandes de Tarantino ou de Ritchie, bien que l’intrigue se déplace rapidement de l’autre côté de l’océan chez nos amis les Britanniques, mais malgré ses petits côtés vieillots et volontairement ou non apparentés aux petits films d’été de série B, la production manque rapidement d’un style distinct.
L’intrigue, mouvante, en constante évolution, est d’un intérêt assez moindre, et ce dès le départ, quand on la met littéralement en bouche entre deux bouchées de hot dog. Quant aux personnages, ceux-ci sont fades, à l’image des dialogues qui ne nous restent pas en tête. Bien sûr, on sait que le fort charismatique Sam Rockwell n’a pas l’habitude d’investir dans ses meilleurs projets, lui qui a pourtant plusieurs titres inoubliables dans son épatante filmographie, mais on s’attendait certainement à plus de plaisir au menu, surtout après le léger et pourtant fort jouissif Mr. Right qu’il nous avait livré quelques années plus tôt.
Certes, on ne s’attendait à rien du calibre de son premier Oscar, lui qui vient tout juste d’être à nouveau nommé, mais on s’attendait à plus de personnalité. L’un des problèmes s’explique probablement par le fait que la chimie n’opère pas avec Phoebe Fox, dont le personnage s’avère toujours aussi indéchiffrable une fois le film terminé, complètement à l’opposé de ce qu’il avait atteint avec Anna Kendrick pour reprendre l’exemple précédent, ou même avec Keira Knghtley dans le mignon Laggies. On a même pris les photos qui représentaient le moins le personnage de Fox pour mettre sur la pochette du DVD, comme quoi on ne croit pas vraiment à ses véritables attributs.
Enfin, multipliant les quiproquos et les moments saugrenus, le film laisse se succéder des tonnes de moments où les personnages tentent du mieux qu’ils peuvent de se sortir du pétrin. Et s’ils y parviennent toujours, on ne peut en dire autant du film. Au moins, le plaisir est palpable pour les comédiens, ce qui fait mieux digérer l’ennui. Idem avec la très sympathique trame sonore qui, avec de nombreux passages bien rythmés, permet à la jolie sélection de chansons de mieux faire passer le temps qui file un peu trop lentement à notre goût.
L’édition DVD est dénuée de suppléments, à défaut d’avoir une piste sonore française, alors que l’édition Blu-ray bénéficie de scènes supprimées et d’une piste de commentaires audio du cinéaste.
Blue Iguana n’est donc pas vraiment recommandé, à moins d’avoir besoin de quelque chose pour passer le temps, mettre son cerveau à off et se changer un minimum les idées. Face à si peu d’attentes, alors, peut-être que ça pourrait passer. Sinon, les propositions supérieures du même acabit se comptent par milliers.
4/10
Blue Iguana est disponible en DVD et en Blu-Ray via VVS Films depuis le 26 novembre dernier.
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