Ironie de l’histoire ou corruption du pouvoir, Daniel Ortega, membre du Front sandiniste de libération nationale (FSLN) qui a participé au renversement de la dictature des Somoza (1936-1979), est aujourd’hui président du Nicaragua, et exerce à son tour la répression envers la population. Dérangeant pour le régime, le journaliste Carlos Fernando Chamorro a quitté le pays le 20 janvier pour protéger son intégrité physique et sa liberté, rapporte El País le 21 janvier.
Cinq semaines après l’assaut de la salle de rédaction de Confidencial et des studios du programme télévisé Esta Semana par les autorités du Nicaragua, deux médias dirigés par Carlos Fernando Chamorro, le journaliste a décidé de s’exiler dans le pays voisin. «Nous avons eu recours à tous les mécanismes légaux, à la dénonciation de vol au ministère public et à la défense devant la Cour suprême de justice afin d’ordonner la cessation de l’occupation de nos bureaux. Toutefois, il n’y a pas eu de réponse corrective, sinon que les menaces se sont aggravées, en cherchant à m’incriminer», a expliqué le journaliste au début de l’émission Esta Semana du 20 janvier, enregistrée à partir du Costa Rica.
La persécution de la presse indépendante s’est accentuée vers la fin de 2018, dont la fermeture de 100% Noticias et de l’emprisonnement de deux de ses journalistes. Miguel Mora et Lucía Pineda ont été accusés de prétendus délits criminels. De plus, les attaques contre Carlos Fernando Chamorro et les journalistes de Confidencial, dont le collaborateur du quotidien El País Carlos Salinas Maldonaldo, ont augmenté.
À partir du Costa Rica, le journaliste a assuré qu’il continuerait d’enquêter et de dénoncer les crimes, la corruption et l’impunité de cette dictature. «J’ai la conviction que le Nicaragua connaîtra des jours meilleurs et il est impératif de maintenir tous les espaces de liberté d’expression ouverts afin de continuer de construire l’espérance d’une nouvelle république, comme l’a rêvé mon père, Pedro Joaquín Chamorro», soutient-il.
Pendant sa jeunesse, Carlos Fernando Chamorro a appuyé ouvertement la lutte clandestine du FSLN pour renverser la dictature des Somoza, qui a assassiné son père en 1978. Ce dernier occupait le poste de directeur de La Prensa, le plus important quotidien du Nicaragua.
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