Plus de légumineuses, de légumes, d’eau, moins de produits laitiers… et, surtout, la fin de l’arc-en-ciel bien connu et du guide pour le nombre de « portions » quotidiennes. Santé Canada dévoilait mardi matin sa nouvelle version du Guide alimentaire canadien, après une étrange controverse mêlant pois chiches, racisme et appels aux « valeurs alimentaires » traditionnelles.
La mise à jour était attendue depuis belle lurette: la précédente version du Guide, parue en 2007, s’appuyait sur un cadre défini en 1992. On y évoquait alors, pour les personnes âgées de 4 ans et plus, la nécessité de consommer suffisamment de portions d’aliments provenant des quatre groupes alimentaires traditionnels, soit les produits céréaliers, les légumes et fruits, les produits laitiers et les viandes et substituts.
Cette fois, les Canadiens ont droit à une assiette remplie à moitié de fruits et légumes divers, au quart « d’aliments à grains entiers » – riz sauvage, quinoa, pain, pâtes, etc. – et au quart d’aliments protéinés. Les produits laitiers ont ainsi rejoint les viandes et substituts dans un ensemble qui comprend également du tofu, des légumineuses, des noix et des oeufs.
C’est d’ailleurs ces transformations qui avaient suscité l’ire de certains chroniqueurs, ceux-ci estimant que les changements mis de l’avant par Santé Canada menaçait les « valeurs alimentaires » traditionnelles des Canadiens. S’agissait-il de la recommandation visant à « prendre conscience de vos habitudes alimentaires », une attitude, dit Santé Canada, qui permettrait de « faire plus souvent des choix plus sains », « d’apporter des changements positifs à vos comportements alimentaires habituels », ou encore « de vous reconnecter à l’expérience de manger en créant une prise de conscience de vos sensations, pensées, émotions et comportements »?
Criait-on plutôt à « l’invasion multiculturelle » devant la suggestion de manger davantage de légumineuses, dont des pois chiches, alors que le Canada est l’un des plus grands producteurs de légumineuses de la planète?
S’agissait-il, enfin, d’une montée aux barricades des producteurs laitiers du pays, déjà échaudés par l’octroi de droits d’exportation plus importants aux producteurs européens et américains dans le cadre de la négociation récente de nouveaux accords commerciaux avec le Canada?
Ces producteurs ont d’ailleurs réagi par voie de communiqué, mardi, en reconnaissant que « les produits laitiers nutritifs figurent toujours dans le nouveau Guide alimentaire canadien« , mais qu’ils « demeuraient préoccupés par le fait que la mise à jour du Guide alimentaire de reflète pas les données scientifiques les plus récentes, toujours plus nombreuses à démontrer que les produits laitiers à teneur variée en matières grasses peuvent faire partie d’une alimentation saine ».
Le regroupement profite donc de la publication du Guide alimentaire, un document aucunement contraignant pour les Canadiens, les producteurs alimentaires ou les détaillants en alimentation, pour réitérer les avantages de la consommation de produits laitiers, entre autres pour y trouver un apport en calcium et d’autres vitamines et minéraux.
Accueil favorable
De leur côté, des organisations en faveur de la promotion de la santé publique ont salué les changements apportés au Guide par Santé Canada.
Chez Coeur + AVC, on évoque ainsi un document « moderne », qui « propose une approche concrète pour que les choix alimentaires soient plus simples, plus faciles et plus plaisants », et qui met l’accent sur « les aliments entiers, la préparation des repas à la maison et l’appréciation de ces derniers en famille et entre amis ».
« La saine alimentation ne se résume pas seulement aux aliments que vous mangez. C’est l’ensemble de votre relation avec les aliments. Le nouveau Guide alimentaire va au cœur de cette relation et fournit aux Canadiens des conseils pratiques qu’ils peuvent appliquer pour intégrer la saine alimentation à leur quotidien », a d’ailleurs déclaré la ministre fédérale de la Santé, Ginette Petitpas Taylor, en marge du dévoilement du nouveau guide alimentaire.
La Coalition québécoise sur la problématique du poids a elle aussi réagi positivement à la publication du nouveau guide alimentaire. « L’un de ses principaux atouts est qu’il a été développé en se basant sur une science dénuée de conflits d’intérêts à laquelle on peut se fier », a mentionné Corinne Voyer, directrice de l’organisation.
La Coalition salue par ailleurs la reconnaissance de l’eau comme boisson à privilégier. « Les boissons sucrées constituent actuellement la principale source de sucre dans l’alimentation des Canadiens. Leur surconsommation a des conséquences graves sur la santé physique et dentaire. Il était nécessaire d’insister davantage sur la qualité de l’hydratation de la population et c’est chose faite », soutient Mme Voyer.
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