Après la comédie musicale et Hollywood, Damien Chazelle, le réalisateur de La La Land, se tourne vers les vraies étoiles cette fois-ci avec First Man, un film biographique consacré à l’astronaute Neil Armstrong.
Le 21 juillet 1969, Neil Alden Armstrong est entré dans l’Histoire en étant le tout premier homme à marcher sur la Lune, et le film biographique First Man de Damien Chazelle retrace le parcours (et les sacrifices) de ce pionnier. De ses années de pilote d’essai, alors qu’il était aux commandes d’avions-fusées expérimentaux, en passant par son recrutement par la NASA, l’entraînement, aussi exigeant physiquement que mentalement, auquel il fût soumis, son premier vol dans l’espace à bord de Gemini 8, sans oublier les nombreuses tragédies, autant personnelles que professionnelles, auxquelles l’astronaute sera confronté avant d’être nommé chef de mission d’Apollo 11, le long-métrage relate avec brio la décennie d’essais et d’erreurs ayant mené à cette étape cruciale de l’exploration spatiale.
First Man nous replonge au cœur des années 1960, alors que les Russes semblaient toujours avoir une longueur d’avance dans la course pour la conquête de l’espace, que chaque incident de parcours diminuait le support de la population envers la NASA, et que, dans une Amérique profondément divisée, la poursuite de la Lune symbolisait la déconnexion même de « l’homme blanc ». Toutefois, si l’on se fie au portrait présenté ici, Neil Armstrong était aussi renfermé que déterminé, et s’avérait incapable de formuler une émotion, que ce soit lors d’une conférence de presse ou en tête-à-tête avec son épouse ou ses enfants. C’est sans doute ce qui explique qu’en dépit de sa grande beauté, le long-métrage revêt une certaine froideur, et s’avère moins émouvant que The Right Stuff, qui abordait sensiblement le même sujet.
La réalisation de Chazelle est impeccable, et les images lunaires de First Man sont d’un tel réalisme qu’elles risquent d’enflammer certains amateurs de théories du complot qui pensent que l’alunissage de 1969 a été créé dans un studio de cinéma. En faisant crier le métal des cloisons séparant les astronautes du vide intersidéral et en montrant bien le côté artisanal des vaisseaux de l’époque, cent fois plus primitifs que ceux d’aujourd’hui, le cinéaste transmet le sentiment de claustrophobie au spectateur, en plus d’illustrer la bravoure quasi suicidaire de ces hommes voyageant à bord de prototypes pouvant se transformer en tombeau à tout moment. Il reproduit d’ailleurs le même confinement sur Terre, en filmant à l’occasion ses personnages à l’intérieur de cadres exigus.
La production de First Man a choisi de ne pas accentuer la ressemblance entre Neil Armstrong et Ryan Gosling à l’aide de prothèses ou de maquillage, se concentrant plutôt sur l’essence du personnage, ce qui n’est pas très grave puisqu’après tout, qui se souvient du visage de l’astronaute sans l’aide de Google? Cependant, comme il campe un homme de peu de mots, Gosling est plutôt stoïque et reste de marbre durant la majorité du film, se contentant de livrer des regards tristes ou intenses. Interprétant Janet, son épouse, l’actrice Claire Foy réussit à briller, malgré le peu de scènes à sa disposition. Jouant respectivement Buzz Aldrin et Mike Collins, ses deux coéquipiers de la mission Apollo 11, on retrouve Corey Stoll (The Strain) et Lukas Haas (Witness, Mars Attacks!). Dans un petit rôle d’employé de la NASA, l’excellent Shea Whigham (Boardwalk Empire) complète la distribution.
L’édition Combo Pack de First Man permet de visionner le long-métrage dans tous les formats possibles (Blu-ray, DVD et copie numérique). On n’a pas lésiné sur le matériel supplémentaire, et ceux et celles qui auront encore de l’appétit après cent-quarante minutes de film pourront se plonger dans les coulisses du projet, avec une piste de commentaires livrée par Damien Chazelle et Ryan Gosling, des scènes retirées du montage, et près d’une dizaine de revuettes consacrées à différents aspects de la production, comme l’entraînement physique des acteurs, le tournage à la NASA, les effets spéciaux, ou à la façon dont l’équipe s’y est prise pour reproduire l’alunissage de 1969 le plus réalistement possible.
Même si, à l’image de son personnage principal, First Man s’avère un peu froid, le film de Damien Chazelle constitue tout de même un très bel hommage à Neil Armstrong, qui augmentera votre respect pour les pionniers de l’exploration spatiale.
7/10
First Man
Réalisation : Damien Chazelle
Scénario : Josh Singer (d’après le livre de James R. Hansen)
Avec : Ryan Gosling, Claire Foy, Jason Clarke, Corey Stoll, Lukas Haas et Shea Whigham
Durée : 140 minutes
Format : Combo Pack (Blu-ray + DVD + copie numérique)
Langue : Anglais, français et espagnol
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