Le conflit politique entre les démocrates et le président américain Donald Trump, dans un contexte de paralysie partielle du gouvernement des États-Unis, s’est transposé sur le petit écran, lundi, alors que l’annonce d’un discours présidentiel à la nation, prévu pour mardi soir, a suscité des appels à l’équité pour les adversaires politiques de ce dernier. Appels qui semblent avoir été entendus.
Trois semaines après le refus du président Trump de signer un projet de loi budgétaire permettant de faire fonctionner l’administration américaine jusqu’en septembre – et jusqu’en février pour le département de la Sécurité intérieure, histoire de continuer à négocier sur la question de la sécurité aux frontières, le locataire de la Maison-Blanche a fait savoir, lundi, qu’il s’adresserait le lendemain aux Américains sur la question de « la crise humanitaire et sécuritaire à notre frontière sud ».
Temps d’antenne
Dans un communiqué publié lundi en milieu de soirée, le leader démocrate au Sénat, Chuck Schumer, et la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, ont estimé que les principaux réseaux de télévision des États-Unis, qui ont tous accepté de diffuser le discours présidentiel après quelques hésitations, devaient accorder autant de temps d’antenne aux démocrates. Selon eux, le discours de M. Trump « s’il est à l’image de ses précédentes déclarations, sera rempli de faussetés et de désinformation ».
« À la première journée du nouveau Congrès, la Chambre a adopté un projet de loi bipartisan qui respecte notre responsabilité de protéger le peuple américain avec du financement pour des solutions sécuritaires intelligentes aux frontières – mais tout simplement pas le mur gaspilleur et inefficace du président », peut-on encore lire dans le communiqué démocrate.
Selon le journaliste de CNN Brian Stelter, les réseaux NBC, CBS et CNN diffuseront tous une réponse des démocrates au discours présidentiel. Impossible, pour l’instant, de savoir si d’autres chaînes emboîteront le pas, ni si le temps d’antenne offert aux démocrates sera équivalent à celui réservé au chef de l’État.
Les discours à la nation sont habituellement réservés aux situations de crise; il s’agira de la première occasion où le président Trump usera de cette formule pour transmettre des informations au peuple américain.
Le chef de l’État doit aussi se rendre à la frontière sud des États-Unis, jeudi, pour rencontrer des responsables des services frontaliers, a fait savoir par Twitter la porte-parole de la Maison-Blanche, Sarah Sanders.
Crise
Donald Trump réclame toujours 5,7 milliards de dollars pour la construction d’un mur à la frontière avec le Mexique, au point de paralyser environ le quart des administrations du pays. Ce faisant, il a poussé environ 400 000 fonctionnaires au chômage forcé, tandis que 400 000 autres sont forcés de travailler sans salaire. Si la nature du mur a changé – de paroi de béton, le président est passé à « une grille en acier, qui sera beaucoup plus solide que du béton » –, pas question, pour les démocrates, de débourser un cent pour sa construction.
Tout juste devenus majoritaires à la Chambre des représentants, les démocrates ont fait adopter un projet de loi finançant la bonne marche du gouvernement sans argent pour le mur. Ledit projet a toutefois peu de chances d’être approuvé par le Sénat à majorité républicaine, et encore moins d’être signé par le président. Ce dernier a d’ailleurs laissé entendre que la paralysie pourrait se prolonger « pendant des mois, voire des années ».
C’est donc dans un contexte tendu, alors que les témoignages d’employés fédéraux voyant leur compte bancaire se vider peu à peu se multiplient, que le président s’adressera donc à la nation mardi soir.