Ah, Doom! La célébration, en décembre dernier, des 25 ans du titre original de la série fut l’occasion, pour ce journaliste, de revisiter la plus récente déclinaison du jeu éponyme, publiée en 2016 par Bethesda Softworks et développée, bien entendu, par id Software.
L’entreprise à l’origine de l’un des plus grands classiques du jeu vidéo reprend ainsi du service dans ce jeu en développement pendant au moins huit ans. Il aura donc fallu attendre 12 ans entre la sortie de Doom 3, en 2004, et le jeu qui a pendant un temps été appelé Doom 4, avant que les dirigeants décident de s’en tenir à la tendance détestable de « relancer » des séries en leur donnant le nom du produit original.
Qu’à cela ne tienne, le Doom nouvelle cuvée s’éloigne du mélange de survie et d’horreur du troisième jeu de la série pour retourner à la source: de l’action, de la vitesse, et, certainement, une bonne dose de violence.
L’histoire est connue: à l’intérieur d’une base de recherche installée sur la planète rouge, des scientifiques ouvrent un portail vers l’enfer. Dès lors, les quelques scientifiques qui échapperont à la possession démoniaque seront réduits en charpie par les monstres inhumains provenant de cette nouvelle dimension infernale. Il en reviendra au joueur de tenter de clore ce portail et sauver ce qui peut l’être encore de l’humanité.
Ici, cependant, point de space marine anonyme. Le personnage principal n’a pas de nom, certes, mais il n’a besoin que d’un surnom: Doom Slayer, qui se réveille carrément dans un sarcophage, entouré de pentagrammes et d’inscriptions aux allures d’incantations maléfiques. Dans la peau de ce dur à cuire semblant tout droit sorti d’une dimension parallèle, le joueur apprend rapidement que l’humanité a mis fin à une grave crise énergétique à l’aide d’une solution révolutionnaire. Le hic, c’est que cette solution consiste à siphonner de l’énergie provenant d’une « région » des enfers. Et que les dirigeants de la Union Aerospace Corporation ne cherchent pas nécessairement le bien être de l’humanité…
Action et vitesse sont donc au menu, avec des environnements justement conçus pour ces affrontements sanglants. Entre divers objectifs, le joueur pénétrera dans de nombreuses « arènes », où l’on trouvera soit une « présence démoniaque supérieure aux normes », comme l’indiquera une voix informatisée, soit un genre d’autel infernal qu’il faudra désactiver. Dans un cas comme dans l’autre, le Doom Slayer devra massacrer, égorger, cribler de balles, faire exploser ou encore découper en morceau des démons de plus en plus nombreux, vicieux et résistants.
Tango meurtrier
Les développeurs ont ici tenté de combiner deux styles de combats: le premier, plus traditionnel, repose sur l’utilisation d’armes à feu. Nous sommes dans Doom, après tout, et il serait pratiquement hérétique de ne pas équiper le personnage d’une panoplie de fusils à pompe, lance-roquettes et autres BFG 9000 capables de désintégrer démons et autres créatures malveillantes. Toutes les armes connues des amateurs de la série sont là, y compris le célèbre fusil à pompe double – ici avec sa culasse gravée, s’il vous plaît! – et le déjà nommé BFG 9000, le Big Fucking Gun qui désintègre tout sur son passage, mais dont le nombre de munitions est particulièrement limité.
De l’autre côté, on a très fortement misé sur le corps à corps. Étrange, pour un jeu de tir, mais l’idée a du bon: en recevant des tirs, les démons seront éventuellement assommés par les impacts et se mettront à luire d’une couleur bleue, puis orange, pendant quelques secondes seulement. C’est alors l’occasion, pour le joueur, d’achever ses proies sonnées: outre une animation particulièrement sanglante où le Doom Slayer éviscère un démon, le geste permet de récupérer des points de vie, des munitions ou un mélange des deux. En plus de devoir circuler rapidement dans les zones de combat, il est ainsi essentiel de ne pas trop s’éloigner de ses cibles. D’autant plus que pour vraiment faire le plein de points de vie et de balles supplémentaires – mais surtout de points de vie –, il est nécessaire de multiplier les méthodes d’attaque, et changer fréquemment d’arme.
Les chargeurs de vos armes sont vides? Sortez donc la scie à chaîne! Un autre classique de Doom fonctionne ici en tenant compte de la taille de l’ennemi à découper en deux: plus le démon sera gros, plus il faudra de l’essence. Pas question de trancher la tête à l’un des monstres les plus violents si votre réservoir est presque à sec.
Avec sa possibilité d’effectuer des doubles sauts et la capacité de s’agripper à un rebord pour se hisser sur une caisse ou un passage situé en hauteur, Doom cherche à élargir ses horizons. L’idée fonctionne très bien dans les combats, certes, mais cela entraîne aussi l’apparition d’un volet « exploration » des niveaux lorsque les armes se sont tues. Qui a cru qu’ajouter une dimension plateformes à un jeu de tir à la première personne était une bonne idée? Alors que notre coeur battait à toute vitesse en tentant de vaincre une nouvelle horde de démons, voilà que nous devons examiner une carte pendant 10 minutes avant de comprendre que la salle à laquelle il faut accéder nécessite 10 autres minutes de marche en équilibre sur des passerelles étroites suspendues dans le vide. Ajoutez à cela des objets essentiels, comme des cartes d’accès, que l’on ne ramasse pas automatiquement en marchant dessus, comme dans les jeux originaux, mais qu’il faut plutôt détecter sur des corps mal indiqués, ce qui casse complètement le rythme de l’action, et vous obtenez deux sources de frustration qui nuisent à l’amour que l’on porte à ce Doom cuvée 2016.
Car oui, il est bien question d’amour, ici. De la violence ô combien satisfaisante, des armes puissantes qu’il est possible d’améliorer en explorant les corridors martiens ou les plaines infernales, une esthétique plus que léchée, le tout sans oublier une musique incroyable, que demander de plus? Doom 2016 est un bijou des jeux de tir à la première personne. Il est à parier que puisqu’il s’agit du quatrième titre de la série, son impact sur les jeux vidéo ne sera pas aussi important que son ancêtre lancé il y a aujourd’hui 25 ans, mais pour ceux qui souhaitent une expérience hors du commun, et ce sans devoir modifier en profondeur les jeux originaux, cette déclinaison mérite son entrée au panthéon.
Doom
Développeur: id Software
Éditeur: Bethesda Softworks
Plateformes: Windows, Xbox One, PlayStation 4, Nintendo Switch (testé sur Windows)
Jeu entièrement disponible en français
2 commentaires
Pingback: FutureGrind, la vie en multicolore
Pingback: Non, les jeux vidéo violents ne rendent pas les ados agressifs