Le gouvernement caquiste a donné suite, mardi, à sa promesse électorale de ramener à 40 000 le nombre annuel d’immigrants accueillis au Québec. Ce faisant, les troupes de la Coalition avenir Québec ont réussi à provoquer un ralliement politique des plus improbables en opposition à cette nouvelle mesure.
Dans une annonce effectuée en fin d’après-midi, le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion, sous l’égide du ministre Simon Jolin-Barrette, a précisé qu’en fonction du Plan d’immigration du Québec 2019, de 21 700 à 24 300 personnes seraient accueillies dans la catégorie de l’immigration économique.
On comptera également de 8900 à 9400 personnes dans la catégorie du regroupement familial, ainsi que de 6800 à 7500 personnes dans la catégorie des réfugiés et personnes en situation semblable.
« Les Québécoises et les Québécois constatent que le gouvernement respecte ses engagements pris lors de la dernière élection. Ce plan affirme la volonté du gouvernement de faciliter le processus d’intégration sur le marché du travail et dans la société québécoise, notamment en améliorant la francisation et l’intégration des personnes immigrantes », a ainsi déclaré le ministre Jolin-Barrette.
Dans une série de données chiffrées ajoutée au communiqué de presse et intitulée « faits saillants », le gouvernement rappelle entre autres que le taux de chômage des nouveaux arrivants installés au Québec depuis cinq ans et moins était de 15,8%, comparativement à la moyenne québécoise de 6,1%.
Québec pourrait ainsi laisser entendre qu’il est nécessaire d’accueillir moins d’immigrant pour éviter que leur taux de chômage n’augmente davantage.
Du côté de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), on dit prendre acte de la décision du gouvernement, et se réjouit de la volonté de Québec de mieux « arrimer le profil des personnes issues de l’immigration avec les besoins du marché du travail ».
Au dire de la FCEI, « près d’une personne immigrante sur deux accueillie au Québec était surqualifiée par rapport aux emplois disponibles ».
« Illogique »
Cette réaction relativement positive se retrouve toutefois isolée dans un océan de commentaires négatifs adressés à l’endroit du gouvernement. Le Conseil du patronat du Québec (CPQ), on martèle que « même si l’immigration ne constitue qu’une partie des solutions pour combler les besoins en main-d’œuvre très criants au Québec, environ 22% des besoins pour les 10 prochaines années, il s’agit d’un bassin de main-d’œuvre essentiel pour la prospérité du Québec. En réduire le volume ne fait qu’empirer la situation ».
Le CPQ accueille favorablement l’idée de mieux intégrer les nouveaux arrivants, mais l’organisation « espère que le gouvernement puisse accroître de façon substantielle le nombre de travailleurs étrangers temporaires avec un processus plus rapide pour en favoriser la venue afin de répondre plus rapidement au marché du travail », de façon à, éventuellement, les intégrer comme résidents permanents par la suite.
Chez les libéraux, la porte-parole en matière d’immigration et d’économie, Dominique Anglade, évoque un « plan illogique et anti-économique ». « Diminuer les seuils d’immigration à 40 000 est une proposition des plus anti-économique. La pénurie de main-d’œuvre empêche nos entreprises de croître et de se développer. Les entrepreneurs ont des besoins clairement exprimés et la difficulté à trouver des employés se fait sentir dans toutes les régions. Le gouvernement a choisi de ne pas les écouter », a-t-elle plaidé par voie de communiqué.
Mme Anglade a également réitéré que « plus de 117 000 emplois sont à pourvoir partout au Québec », et que l’immigration est l’une des méthodes employées pour combler ces postes vacants.
Fait rare, le Parti libéral du Québec (PLQ) et Québec solidaire (QS) font front commun dans ce dossier; le porte-parole solidaire en matière immigration, Andrés Fontecilla, est lui aussi monté aux barricades pour fustiger le plan caquiste, estimant que le gouvernement Legault a « manqué de courage ».
« Le vrai courage aurait été de mieux accueillir les immigrants qui choisissent le Québec, d’améliorer la francisation et les processus d’intégration, pas de réduire les seuils! Le ministre de l’Immigration, Simon Jolin-Barrette, aurait pu commencer par s’engager à utiliser l’entièreté des transferts fédéraux pour l’immigration. Si le Parti libéral avait dépensé tout cet argent réellement en immigration, il n’y aurait pas eu autant de problèmes de francisation, de chômage, de discrimination », a-t-il lancé.
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