Au diable ces flocons pugnaces et cette pluie froide, place aux vertes forêts du centre du Vieux Continent, la semaine dernière, dans le cadre d’un concert rassemblant Schubert, Schumann et Dvorak.
Le ton était donné dès le début du concert, d’ailleurs, avec l’ouverture de La harpe magique de Schubert. Mais était-ce vraiment le cas? Cette oeuvre, quelque peu calquée sur La flûte enchantée de Mozart, sortie une trentaine d’années auparavant, semblait peiner à se distinguer de sa source d’inspiration. De cette cavalcade amicale, jouée avec tout l’entrain nécessaire par les musiciens de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM), on retiendra effectivement un petit manque de vigueur. Pas que l’orchestre ou son chef soient à blâmer; simplement, Schubert, alors âgé de 23 ans, ne signe pas son chef-d’oeuvre, ici.
Qu’à cela ne tienne, cette entrée en matière d’une dizaine de minutes était plus que suffisante pour laisser place à Schumann et son Concerto pour piano en la mineur. Pour l’occasion, le pianiste Martin Helmchen s’est installé aux commandes de l’impressionnant instrument. Et quelle prestation! Presque voûté sur ce piano dont il caresse les touches, Helmchen fait déferler les notes comme l’eau s’écoule sur les rochers.
De cet excellent concerto, on retire hélas, encore une fois, une certaine impression que l’oeuvre manque un peu d’audace, que la partition elle-même empêche les musiciens de s’en donner à coeur joie. Et s’il n’est pas question de tomber constamment dans l’enflure musicale et la cacophonie, il est normal de souhaiter être emporté par la musique.
C’est d’ailleurs ce qu’a réussi Antonin Dvorak avec sa Symphonie no 7 en ré mineur: si le pianiste Martin Helmchen excellait dans la délicatesse et la subtilité, ici, l’orchestre semble s’amuser ferme, le maestro Kent Nagano multipliant les envolées savamment contrôlées. La passion des interprètes étant vraisemblablement communicative, le chef en a même temporairement perdu sa baguette!
Avec ces violons et ces cuivres passionnés, cette oeuvre empreinte de tristesse et de sentiments violents « est dramatique tout en étant joyeuse », mentionnera la personne qui accompagnait ce journaliste.
Jouée sans faille, cette symphonie est venue clore une soirée particulièrement agréable, un petit souvenir de début d’automne idéal pour oublier la gadoue qui attendait à l’extérieur.
Un commentaire
Pingback: L’Orchestre symphonique de Montréal et Stravinsky: sacré printemps!