« Il fait froid: ne me faites pas rire avec vos histoires de réchauffement climatique ». Sous diverses variantes, cette prise de position est lancée avec la régularité d’une horloge chaque fois que tombe une nouvelle vague de froid.
Puisqu’une image vaut 1000 mots, le Détecteur de rumeurs s’est dit que des cartes géographiques seraient plus utiles qu’une longue explication, pour venir en aide à ceux qui auraient des climatosceptiques dans leur entourage.
Les moyennes d’octobre
Prenons par exemple le dernier mois pour lequel on dispose de chiffres complets, octobre 2018. Il fut, à l’échelle de la planète, le 2e mois d’octobre le plus chaud depuis 139 ans — soit depuis que de telles mesures sont prises. À quelques dixièmes de degré derrière le mois d’octobre 2015.
Sur ce graphique produit par la NOAA (Agence américaine des océans et de l’atmosphère), les zones en rouge désignent celles où les températures d’octobre 2018 étaient plus chaudes que la moyenne des mois d’octobre des années 1981-2010, qui leur sert de période de référence, et les zones en bleu, celles où elles étaient plus froides. On remarquera qu’il y a deux grandes zones bleues sur la terre ferme, l’une couvrant une partie du Canada et des États-Unis, où la température était de 1 degré sous la moyenne, et l’autre en Asie du Sud. Mais les zones rouges sont prédominantes.
Autre méthode de calcul, mêmes observations
Les données recensées par l’Institut Goddard de la NASA (GISS), abondent dans le même sens, bien qu’elles utilisent une période de référence différente, soit celle allant de 1951 à 1980: la moyenne de température enregistrée pour le mois d’octobre 2018 était de 0,99 C supérieure à la moyenne des mois d’octobre de cette période.
Sur cette carte qui montre la Terre à partir des Pôles, les zones en rouge sont en majorité. À elle seule, la Sibérie a enregistré une température au mois d’octobre de 6,8 degrés supérieure à la moyenne.
Autre mois, mêmes résultats
Même phénomène en septembre 2018: les zones en bleu sont minoritaires.
Une année complète, résultats similaires
On observe le même phénomène si on choisit plutôt d’analyser une période d’un an, de septembre 2017 à août 2018.
Un 23 novembre particulièrement froid
Mais peut-être êtes-vous plutôt sceptique uniquement à cause des températures anormalement froides de la semaine dernière dans votre ville ? Le site Climate Reanalyser, une initiative de l’Université du Maine, a pensé à vous : cette carte ci-bas montre les « anomalies de température » pour la journée du vendredi 23 novembre 2018. Mêmes couleurs : plus c’est rouge foncé et plus la température est loin au-dessus de la moyenne, plus c’est bleu foncé et plus elle se situe loin sous la moyenne.
Mêmes données, autre représentation
Enfin, si vous êtes davantage amateur de tableaux Excel, une autre façon qu’utilisent les chercheurs pour illustrer la variation des températures par rapport à la moyenne d’une période de référence — ci-dessous, celle allant de 1951 à 1980 — est de reporter dans un tableau les températures moyennes de chaque mois, et de les comparer aux températures moyennes de cette période. C’est une façon de voir à l’oeil nu la tendance vers des années de plus en plus chaudes : plus c’est rouge, et plus la température moyenne est plus chaude que la moyenne de la période de référence.
Si vous observez attentivement la grille des couleurs au bas du tableau, vous remarquerez que ces dernières années, les chercheurs ont même dû ajouter de nouvelles couleurs (noir, rose) tant les variations par rapport à la moyenne atteignaient des niveaux jamais vus (1 degré et plus).
Enfin, si vous avez la patience d’aller chercher les données originales et de refaire tous les calculs, vous découvrirez que, selon les chiffres du GISS, la température moyenne de la planète a augmenté de 0,8 degré depuis un siècle et demi, et les deux tiers de cette hausse sont survenus depuis 1975.
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