L’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) n’y va pas par quatre chemins: dans une nouvelle note d’information, on ne prédit rien de moins que la disparition du métier d’écrivain, que ce soit ici ou ailleurs au pays.
Le métier d’écrivain traverse une période difficile. Ou est-ce plutôt la suite logique d’une situation qui a toujours été précaire? Quoi qu’il en soit, l’UNEQ a sondé ses membres, l’an dernier, pour obtenir un portrait de leur situation financière et professionnelle. Le résultat porte à réfléchir: l’an dernier, le revenu moyen des écrivains atteignait un peu plus de 9200$, tandis que le revenu médian était d’à peine 3000$.
Si, au Québec, le seuil de pauvreté s’établissait à 18 000 $ et des poussières, 90% des répondants au sondage de l’UNEQ ont gagné moins de 25 000 $ en 2017.
Dans le reste du pays, la situation est un peu plus encourageante: les écrivains canadiens ont gagné en moyenne 9400$ en 2017, avec un salaire médian de 4000$.
Par ailleurs, 27% des écrivains de l’UNEQ ont soutenu en avoir fait davantage qu’en 2014 pour gagner leur vie. Au canada, cette proportion passe à 30%.
Toujours du côté des écrivains québécois, malgré les mauvaises conditions, l’édition traditionnelle demeure la principale source de revenus tirés de l’écriture. La participation des écrivains à des activités connexes telles que ateliers, conférences ou lectures représente la part non négligeable de 22% des revenus, mentionne l’UNEQ.
Dans une déclaration publiée sur son site internet, l’organisation affirme que la Loi sur le droit d’auteur est « pleine de trous », le quart des répondants disant avoir subi une perte de revenus provenant de deux organismes spécialisés en la matière, Copibec et Access Copyright, depuis 2014.
La faute en est imputée aux modifications apportées à la loi canadienne sur le droit d’auteur en 2012 par le gouvernement conservateur alors au pouvoir à Ottawa. « De nombreuses exceptions introduites dans la loi ont rendu gratuits plusieurs usages qui, jusqu’en 2012, étaient gérés par des sociétés de gestion collective, notamment dans le secteur de l’éducation », soutient ainsi l’UNEQ.
Entre 2012 et 2014, les ayant droits représentés par Copibec auraient ainsi perdu des revenus potentiels de l’ordre de 4 millions de dollars. La redevance payée aux auteurs, créateurs et éditeurs a diminué de 23 % pour chaque page copiée par les universités, précisait récemment Copibec.
« La créativité de nos auteurs est menacée, car trop souvent mal rémunérée. Des écrivains professionnels qui vivent dans la précarité, c’est un risque majeur pour notre culture », déplore la présidente de l’UNEQ, Suzanne Aubry.
L’organisation demande donc au gouvernement du Québec de réformer la Loi sur le statut professionnel des artistes des arts visuels, des métiers d’art et de la littérature et sur leurs contrats avec les diffuseurs.
« Il est de l’intérêt des éditeurs comme des écrivains que les meilleures pratiques soient mises de l’avant », avance le directeur général de l’UNEQ, Laurent Dubois.
« Les mois et les années qui viennent seront déterminants pour l’avenir de la littérature au Québec, comme au Canada », conclut-il.