Très connu en Amérique du Sud et en Europe, le dessinateur équatorien Alberto Montt revient sur ses anecdotes de jeunesse dans Roucou, son premier roman graphique paru en 2014. Récemment traduite dans la langue de Molière, l’oeuvre est rééditée depuis peu par les Éditions Ça et Là.
Reconnaissons-le tout de suite: l’auteur ne gagnera pas de prix littéraires avec ses anecdotes d’enfance. Après tout, une enfance heureuse est habituellement synonyme d’une vie plutôt rangée. Rien de mal à cela; il est d’ailleurs certain que si ce journaliste s’embarquait, pour une raison qui dépasserait probablement l’entendement, dans le récit de son enfance, il ne serait même pas possible d’en tirer quelques dessins exécutés avec tout l’absence de talent pictural qu’on peut lui attribuer.
Cela étant dit, la force d’Alberto Montt est bien sûr du côté du visuel. Plus qu’une simple récupération de souvenirs parfois enfouis depuis belle lurette, Roucou est une invitation au voyage. On y sent bien entendu l’influence des années 1970 et du début des années 1980, époque durant laquelle a grandi le dessinateur, mais avec son style psychédélique, à la fois complexe et étonnamment simple, Montt s’empare de la main du lecteur et l’entraîne dans un univers fantastique.
Couleurs qui s’écoulent d’une page à une autre, personnages plus grands que nature, émotions qui se transposent presque trop aisément sur papier, Roucou se parcourt comme l’on visite les salles d’un musée. D’histoire en histoire, on se prend à vouloir caresser le papier du bout des doigts, à revisiter une page plutôt qu’une autre… Bref, le recueil se transforme en objet d’art, en document que l’on veut conserver pour sa beauté intrinsèque.
Un ouvrage à se procurer, donc. Et à laisser traîner sur sa table de salon, histoire de ne pas le perdre de vue.
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