Une économie sobre en carbone pour assurer le développement et la croissance du Québec: voilà ce que propose l’Institut du Québec, dans le cadre de deux rapports rendus publics mardi matin. Ces documents sont publiés alors que les pressions sont fortes, sur le gouvernement Legault, pour accélérer la transition verte pour lutter contre les changements climatiques.
Intitulés Un Québec sobre en carbone: l’avantage économique et Un Québec sobre en carbone: Des débouchés pour les entreprises du Québec, les deux documents préparés en collaboration avec HEC Montréal et le Conference Board du Canada soulignent qu’avec le réseau électrique alimenté à l’hydroélectricité dont dispose déjà le Québec, les entreprises d’ici « se retrouvent en excellente position » pour intégrer les marchés sobres en carbone qui profitent actuellement d’une forte croissance.
Le Québec, écrit l’Institut, « aurai donc tout intérêt à saisir rapidement cette opportunité afin de se positionner comme un acteur international incontournable en matière de savoir-faire sobre en carbone ».
Les chercheurs disent ainsi observer deux tendances lourdes dans le monde économique actuel. La première est la tarification des émissions de dioxyde de carbone (CO2): « Bien que nous soyons encore loin des objectifs de limitation des émissions de GES pour maintenir la température globale de la terre à des niveaux acceptables et que l’adhésion à ces engagements connaisse des ratés, l’Accord de Paris, signé en 2015, reflète néanmoins un large consensus sur l’urgence d’agir. Dans ce cadre, la tarification du carbone est certainement un élément incontournable pour réduire efficacement les émissions de CO2. »
Les rapports appellent d’ailleurs à tenir bon et à maintenir le système de bourse du carbone, et ce malgré le retrait annoncé de l’Ontario de ce système canado-américain, ainsi que malgré la volonté du président américain Donald Trump de retirer les États-Unis de l’Accord de Paris.
Répondre à la demande
L’autre tendance, quelque peu paradoxale, est l’augmentation marquée de la demande en énergie. Multiplication des voitures sur les routes, augmentation de la production, maisons plus énergivores… Le Québec, à l’image du reste de la planète, consomme davantage, et doit donc produire plus d’énergie pour répondre aux besoins de sa population et de ses entreprises.
Aux yeux de l’Institut du Québec, la croissance de la demande énergétique, combinée à une multiplication des politiques de tarification du carbone représente une occasion d’affaires sans pareil pour les entreprises d’ici. Alors que l’on prévoit des investissements atteignant les 90 000 milliards de dollars américains en infrastructures d’ici 2030, une bonne partie de cette somme sera consacrée aux projets verts. Au pays, cela pourrait représenter des occasions d’affaires de 520 milliards, écrit-on.
Pour que le Québec demeure une terre d’accueil pour les projets économiques verts, et pour que l’énergie d’ici trouve preneur à l’étranger, les experts estiment qu’il faudra relever bon nombre de défis. Les gouvernements, d’abord, devront maintenir, puis augmenter leur appui envers les projets de transition énergétique vers une économie plus faible en carbone. Il sera également nécessaire d’accroître l’efficacité énergétique des bâtiments, réduire leur dépendance envers les combustibles fossiles, et réaliser les mêmes avancées avec les véhicules, qu’il s’agisse de camions ou de voitures.
Inventaires moyens déjà existants, poursuite de l’électrification des transports, développement de stratégies d’investissements faibles en carbone… Les moyens sont nombreux, mais le temps pourrait venir à manquer, craignent les experts, qui invitent la population, mais surtout l’État et les entreprises à agir promptement.
L’économie peut-elle permettre de gagner la guerre au climat?
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