« Les élections en Floride devraient être accordées (au gouverneur sortant) Rick Scott et (au représentant sortant) Ron DeSantis! », s’est exclamé lundi le président américain Donald Trump, réclamant du même coup l’arrêt du recomptage des votes à la suite des scrutins particulièrement serrés de mardi dernier, dans le cadre des élections de mi-mandat.
Avec des tensions politiques et sociales justement exacerbées depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, il y a deux ans, cet imbroglio électoral en Floride, un État ayant fait l’histoire, en 2000, en raison d’un recomptage chaotique interrompu par la Cour suprême et ayant ultimement accordé la victoire à George W. Bush, vient alimenter la colère couvant entre républicains et démocrates.
Dans cet État, donc, deux recomptages déclenchés automatiquement en raison de la faible marge entre les résultats d’abord obtenus par les candidats républicains sortants et leur opposant démocrate ont justement poussé le Parti républicain à multiplier les mises en garde contre une possible « fraude », et ce même sans avancer de preuves pour étayer leurs allégations.
Selon ce qu’explique le New York Times, une enseignante du comté de Broward, où se déroule l’un des recomptages, aurait découvert une boîte de scrutin oubliée dans un bureau de vote installé dans son école.
L’un des sénateurs républicains de la Floride, Marco Rubio, a affirmé que ce geste « sapait la confiance du public envers le processus électoral et ouvrait la voie à d’éventuelles manipulations ».
Après vérification, toutefois, ladite boîte ne contenait que des fournitures électorales: des stylos, des enveloppes, ainsi que des affichettes « Votez ici ». Rien n’y a fait, cependant, pour les républicains, particulièrement désireux de protéger leurs sièges au Congrès et leurs postes de gouverneurs d’État après la défaite des midterms, où le parti a cédé le contrôle de la Chambre des représentants aux démocrates, qui ont effectué un gain d’une trentaine de sièges.
Pour un président constamment en campagne électorale, et davantage intéressé à plaire à sa base électorale, le cas de la Floride permet d’alimenter l’une de ses théories préférées: l’opposition est malhonnête et ne reculera devant rien pour prendre le pouvoir. À l’approche des élections, il ne s’était d’ailleurs pas privé pour affirmer que les démocrates allaient transformer les États en « copies du Venezuela » et en « cauchemar socialiste ». Il a également déclaré que l’adversaire de Ron DeSantis, Andrew Gillum, était un « voleur ». Impossible de savoir si cette déclaration est liée au fait que M. Gillum est noir, mais il ne s’agirait pas de la première occasion où Donald Trump a employé une rhétorique raciste pour plaire à ses partisans les plus féroces, qui sont majoritairement blancs.
Devant les nouveaux développements concernant la course au poste de gouverneur de Floride, M. Gillum a récemment rétracté son discours de concession prononcé mardi dernier.
Problèmes technologiques
Les problèmes électoraux en Floride sont par ailleurs exacerbés par l’emploi de machines électroniques pour compter d’abord les votes lors de la soirée électorale, mais aussi pour procéder au recomptage.
Toujours selon le Times, la responsable du processus électorale du comté de Broward, Brenda Snipes, a été accusée de « grossière incompétence » par le Parti républicain à la suite d’un problème avec les appareils servant au recomptage.
Dans le comté de Palm Beach, la superviseure électorale, Susan Bucher, a de son côté fait savoir que les machines dont elles disposait étaient trop vieilles pour recompter rapidement les dizaines de milliers de bulletins de vote devant être ré-examinés, et qu’elle ne serait pas en mesure de respecter la date limite de jeudi pour l’annonce des nouveaux résultats.