Le gouvernement fédéral clarifie ses positions sur l’immigration, alors qu’au sud de la frontière, les tensions entre républicains et démocrates sont particulièrement vives sur le sujet, au même moment où une caravane de migrants entrée au Mexique tente tant bien que mal de rejoindre la frontière américaine pour y réclamer l’asile.
Le ministre canadien de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Ahmed Hussen, a ainsi dévoilé mercredi le nouveau plan plurinannuel des niveaux d’immigration pour la période allant de 2019 à 2021. Le nombre de nouveaux arrivants acceptés au pays passera ainsi de 330 800, l’an prochain, à 341 000 en 2020, puis à 350 000 en 2021. Au terme du plan, le pays verra sa population croître de près de 1% par année, uniquement avec ces nouveaux immigrants.
Dans une déclaration transmise par voie de communiqué, le ministre réitère que l’immigration économique « permet de stimuler l’innovation au pays », et que le plan fédéral « a pour but d’attirer ici des talents parmi les meilleurs et les plus brillants du monde ».
On cherche ainsi à combler les importants besoins en main-d’oeuvre un peu partout au pays, et plus précisément dans le secteur des technologies de l’information et des communications, « dans lequel les immigrants forment le tiers de la main-d’oeuvre ».
« Le nouveau plan pluriannuel des niveaux d’immigration soutient les entreprises et les employeurs canadiens en leur assurant d’avoir accès à la main-d’œuvre qualifiée dont ils ont besoin pour stimuler l’innovation, et nous aide à maintenir notre pays à l’avant-garde de l’économie mondiale », a ajouté le ministre.
Plus d’expulsions
Outre l’augmentation du nombre de nouveaux arrivants, Ottawa souhaite également expulser davantage de gens dont le dossier d’immigration n’aura pas obtenu le feu vert, ou dont, par exemple, la demande d’asile aura été refusée.
Selon plusieurs médias, y compris Radio-Canada, l’Agence des services frontaliers du Canada établirait une cible de 10 000 expulsions par année, soit une augmentation de 25 à 35% par rapport aux années précédentes.
Cet accroissement pourrait représenter une tentative d’apaiser les critiques de l’opposition conservatrice, qui multiplie depuis plusieurs mois les attaques contre les troupes libérales, accusant le gouvernement d’être incapables de juguler le flot de réfugiés entrant à la frontière sud du Canada, entre autres en profitant d’une faille dans l’Entente sur les tiers pays sûrs en vigueur avec les États-Unis.
Cette entente stipule qu’une personne réclamant l’asile doit le faire dans le premier pays jugé sûr. Pour des dizaines de milliers d’immigrants d’Amérique Centrale ou du Sud réfugiés aux États-Unis et craignant d’être renvoyés dans leur pays d’origine par l’administration Trump, cela signifie qu’ils devraient malgré tout chercher à demeurer aux États-Unis. Puisque ces personnes risqueraient justement d’être refusées à la frontière canadienne et renvoyées au sud, plusieurs d’entre elles entrent au Canada de façon irrégulière, en évitant les postes frontaliers. Cela entraîne ensuite un débordement des services frontaliers, qui manquent de ressources pour traiter des dizaines de milliers de dossiers de demande d’asile.
2 commentaires
Pingback: Ottawa annonce 600 millions pour les médias, provoquant un soupir de soulagement des journalistes
Pingback: Égalité des sexes: le Canada fait du surplace