En pleine crise identitaire, le film adapté du célèbre jeu vidéo pour plateformes mobiles s’adresse aux enfants tout en essayant de rejoindre le plus d’adultes possible. Dommage qu’au passage il finit par ne pas intéresser grand monde, n’en déplaise à ses qualités indéniables d’animation qui n’ont rien à voir avec les deux dimensions de la source originale.
Il est toujours difficile d’adapter quelque chose d’aussi ambigu et pourtant, on s’entête à le faire depuis des années déjà en passant par Battleship et Pixels. Si l’on y va souvent par références par moment subtiles, et d’autres fois soulignées à trop gros traits, incorporées dans une histoire qui n’a finalement aucun lien ou presque, disons qu’ici on surprend par la certaine créativité d’ensemble qui camoufle toutefois le scénario le plus conventionnel qui soit.
Classique: on y va d’un antihéros sous-estimé que personne ne voudra croire, mais qui représentera finalement l’unique solution pour sauver d’une nouvelle menace qui chamboule tout l’équilibre de l’ordre habituel. Valeurs et morales à prévoir, ce qui est bien sûr idéal pour les plus jeunes, le public premier on suppose. Et bien qu’on a espoir grâce au rythme rapide et aux nombreux gags visuels tout comme physiques qu’on fait défiler à folle allure, on doit admettre qu’on ne s’amuse finalement pas tant que ça au fil du long-métrage qui trouve le moyen de dépasser l’heure et demie.
Avec un désir de folies proéminent, en plus d’une grande quantité de références culturelles, on voit dans l’absurdité mise en place qu’on a voulu s’aventurer dans les plates-bandes de Cloudy With a Chance of Meatballs, sans jamais parvenir à en évoquer véritablement le génie. C’est dommage puisque c’était sans conteste un bon filon et, après tout, l’équipe derrière la caméra est d’un grand savoir-faire.
La palette de couleurs est riche, les traits sont bien vivants et le crayon a un humour qui se vit définitivement dans les gestes, les mimiques, les mouvements et les caractéristiques des objets autant que des personnages. Mieux, on a assemblé une distribution vocale de rêve dont on ne tire jamais véritablement avantage. De fait, en réunissant plusieurs des noms humoristiques les plus amusants de l’heure à de grands habitués de Saturday Night Live, en plus de surprises de tout genre (Sean Penn!) disons qu’on regrette de ne pas mieux profiter de tout ce talent.
C’est ainsi que de défilent à nos oreilles les très nombreux Jason Sudeikis, Maya Rudolph, Kate McKinnon, Josh Gad, Tony Hale, Bill Hader, Jillian Bell, Ike Barinholtz et compagnie sans véritablement se démarquer d’une façon ou d’une autre, ce, avec grande tristesse. Et face à note protagoniste rouge de colère, qu’on explique de par le rejet vécu par ses gros sourcils (huh?), on ajoutera à cela d’insipides cochons verts venus d’ailleurs qui n’auront comme seul désir de voler les œufs d’oiseaux pour en faire une omelette.
C’est de là qu’on mènera peu à peu à plusieurs revirements de situations pour pousser les oiseaux à se lancer dans le vide pour en arriver finalement à la prémisse du jeu des Angry Birds. Avouons toutefois que rendu là, n’en déplaise à quelques sourires qu’on aura eus, et pas nécessairement pour les gags de pipi, notre attention sera loin d’être à son comble, notre état généralisé étant davantage blasé par les pitreries de l’entreprise pour essayer de justifier pleinement son existence et le temps qu’il semble nous voler à petit feu.
Bien sûr, les jeunes enfants risquent de s’amuser avec ces personnages sommes toutes attachants, alors que les adultes seront les seuls qui pourront comprendre toutes les références et les clins d’œil. Pour le reste, on ne sait pas trop quoi en faire en ayant comme mince consolation que d’une certaine façon ça aurait certainement pu être bien pire. On doute cependant que cela embarque dans la catégorie des excuses suffisantes.
4/10
The Angry Birds Movie prend l’affiche en salles ce vendredi 20 mai.