Sous les profondeurs des glaciers se cachent d’immenses sous-marins appartenant à deux forces politiques distinctes qui s’observent sans oser se confronter. Pourtant, tout est sur le point d’éclater dans ce combat du plus fort qui cache des alliances et des impostures inattendues dans ce film décidément trop désuet pour son époque.
Un peu comme le fade Red Sparrow, ce Hunter Killer, également adapté d’un roman sorti il y a près d’une décennie, ramène les balbutiements de la guerre froide, mais à notre époque, avec des Russes qui se parlent en anglais (mais avec un gros accent) et parfois en russe quand ce n’est pas important. C’est moins pire que le désastre appréhendé; si l’on oublie ces faux pas, les invraisemblances et les mauvaises passes de CGI, le film s’avère être un suspense militaire qui a ne serait-ce qu’un peu de panache.
Sauf que bien que le long-métrage – qui abuse décidément de sa durée de deux heures avec des revirements qui n’en finissent plus (on raconte quand même au moins trois histoires en alternance) – finit par se transformer en un Olympus Has Fallen ou London Has Fallen, avec tout le ridicule et l’action dispersés plus ou moins démesurés qui en découlent, disons qu’il ne justifie que très rarement son existence. L’ensemble s’avère tellement plat et peu convaincant que son manque de rythme en prend pour son rhume, remuant et synthétisant le tout en un tout d’une grande platitude.
Probablement qu’il y a quinze ou vingt ans, le film aurait eu un peu plus de prestige, mais ce qui ressort comme une pure fiction face à notre réalité actuelle (le président américain ici est une femme, après tout) ne peut survivre de manière concrète quand on s’intéresse d’aussi près à des enjeux qui ne sont que purement politiques. Cela s’explique par tout le sérieux qui s’en découle.
Après tout, Gerard Butler sort tout juste du jouissivement ridicule Geostorm, qui réussissait à se sortir ou presque de toutes ses imbécilités parce qu’il ne se prenait pas au sérieux, et que l’humour volontaire et exagéré n’était jamais trop loin. Ici, aux commandes du sous-marin, il se contente d’avoir l’air sérieux et de se croiser les bras en espérant que tout se déroule comme prévu. C’est d’autant plus foudroyant de voir en parallèle le personnage qu’il aurait jadis interprété, sorte de Rambo fendant invincible, lui glisser entre les doigts, pendant que Toby Stephens fait tout le travail de terrain.
Et si Linda Cardellini trouve finalement les plus belles opportunités de sa carrière, près de vingt ans après Freaks and Geeks, que Gary Oldman ne s’attendait peut-être pas à ce que ce film fasse surface après son Oscar, et que Michael Nyqvist espérait certainement mieux parmi ses derniers rôles, ce n’est certainement pas Common qui vient donner de la substance aux dialogues assourdissants.
Après tout, le film, bien que situé dans une temporalité ambiguë, se veut néanmoins au goût du jour et, avec une part attendue de patriotisme qui fait notamment écho à American Sniper, on fait la part belle au côté rassembleur des situations extrêmes poussant les plus grands ennemis à s’entraider. Cela, bien sûr, après avoir comparé la grandeur de leurs sous-marins respectifs pour s’assurer de sa supériorité sur l’autre, alors que personne n’est véritablement en contrôle.
Hunter Killer reste alors un film qui devrait plus ou moins plaire aux amateurs du genre, mais qui ressemble beaucoup plus à une opportunité – pour tous ceux faisant partie du projet – d’arrondir les fins de mois, et de finalement concrétiser les droits acquis pour un roman.
4/10
Hunter Killer prend l’affiche en salles ce vendredi 26 octobre.
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