À Londres, une bande de bourreaux du dimanche s’est mis en tête d’exécuter des criminels ayant commis des actes ignobles et ayant purgé leur peine, ou encore des individus qui auraient échappé à la justice. Et face à ce Club des pendus, le détective Max Wolfe devra affronter ses propres démons, mais aussi la vindicte d’une population qui estime bien souvent que justice n’est que peu, voire carrément pas rendue.
Le policier, affligé par sa propre affaire où les tribunaux semblent avantager les criminels, plutôt que d’aider les victimes, se retrouve ici au coeur d’une enquête qu’il semble ne pas pouvoir gagner, du moins pas selon les faits colportés par les médias. Coincé entre ses valeurs morales et son code de déontologie policière, Wolfe devra louvoyer envers de nombreux écueils pour éviter d’y laisser sa crédibilité, voire carrément sa carrière ou sa paix d’esprit.
Toujours contraint d’élever seul sa fille, confronté à un ami qui revient de loin et qui possède une conception plus élastique de la justice, talonné par la presse, conspué par le public, l’enquêteur devra multiplier les coups de chance pour réussir à coincer les malfaiteurs.
Il est évident que la notion de se faire justice soi-même, combinée à l’idée d’un délitement progressif ou subit du pouvoir exercé par les autorités, n’est pas nouvelle. L’époque change, mais ce recours à la justice citoyenne transcende les périodes historiques. En quoi le point de vue serait-il différent, cette fois? Le concept est intéressant, certes, mais le coeur du débat, cette brûlante question des principaux moraux généraux opposés aux principes moraux personnels n’est que brièvement posée, ou, plutôt, elle est posée par la bande, sans que l’on ait l’impression que notre héros est véritablement forcé à faire un choix. Les gens sont en colère contre la police, certes, mais nulle émeute, nul traitement lapidaire dans les médias (du moins, rien de bien complexe)…
En fait, le questionnement présenté dans ce Club des pendus évoque celui sur la peine de mort. Faut-il tenter de dissuader les criminels de poser des gestes impardonnables, ou souhaite-t-on plutôt prêcher par l’exemple? Ce débat pourrait certainement susciter la passion de lecteurs provenant des États-Unis, par exemple, ou encore ceux qui vont d’office croire que la peine capitale est une bonne chose, mais pour les autres, ceux qui estiment qu’il s’agit là d’un barbarisme immonde, l’absence de grande profondeur morale et éthique de l’intrigue s’avérera décevante.
Le club des pendus, de Tony Parsons, publié aux Éditions de La Martinière, 328 pages.