Il y a de ces jeux qui correspondent exactement à l’idée qu’il est possible de s’en faire. Développé par Treyarch et les gens de Beenox, à Québec, Call of Duty – Black Ops 4 est un jeu de tir à la première personne multijoueurs qui devrait plaire, hé bien, aux amateurs de Call of Duty.
La présentation de la série n’est plus à faire. Ou, plutôt, devrait-on la faire à chaque nouveau titre? Des combats de la Deuxième Guerre mondiale aux conflits futuristes, en passant par l’espace et les missions spéciales, Call of Duty est un drôle d’animal. Il semblerait que la seule ligne directrice soit qu’il s’agisse de jeux de tir. Et que l’on en publie facilement un par année ou un à tous les deux ans, environ.
Black Ops 4 se présente ici comme un mélange de ce qui semble fonctionner le mieux dans le milieu à l’heure actuelle. Il y a d’abord le traditionnel mode Deathmatch, où l’on s’entre-tue à qui mieux mieux, tout simplement; l’increvable déclinaison avec des zombies – sur laquelle il sera utile de revenir dans quelques instants –, et la nouveauté de cette année, le fameux mode Battle Royale tant vanté, renommé ici Blackout.
Pourquoi, au juste, a-t-on choisi d’ajouter un mode Battle Royale, d’ailleurs? Parce que Player Unknown’s Battlegrounds et Fortnite continuent de dominer le secteur niché de ces jeux de mêlée générale où des dizaines de joueurs sont parachutés sur une île pour s’y massacrer allègrement. Puisque les deux titres susmentionnés engrangent des centaines de millions – surtout Fortnite, qui est d’ailleurs gratuit –, il n’est nullement surprenant de voir qu’Activision, l’éditeur de la série Call of Duty, souhaite avoir une part du gâteau.
Mais qu’il s’agisse des combats traditionnels ou de ce mode Blackout, l’expérience demeure la même. Oui, le jeu est superbe. Oui, le jeu est fluide, surtout lorsque l’on possède un ordinateur digne de ce nom. Oui, les mécaniques de jeu semblent relativement faciles à comprendre. Mais au-delà de tout cela, l’expérience ne diffère en rien de ce que l’on retrouvait déjà dans presque tous les autres Call of Duty des dernières années. Courir, viser, tuer (ou être tué), recommencer. Bien sûr, en mode Blackout, la mort est permanente; il faudra alors attendre la fin de la partie ou quitter carrément le match pour replonger dans un autre affrontement.
Hélas, contrairement aux autres grands titres du genre, les développeurs ne semblent pas avoir tenu compte de cette exigence temporelle. De fait, les adversaires semblent tous être coincés sur un petit territoire, ce qui force des affrontements très rapidement. Si vous êtes chanceux, vous pourrez survivre pendant quelques minutes. Sinon, hé bien, le menu d’accueil vous attend.
Autre incongruité, il ne semble pas exister de méthode permettant de faire jouer ensemble des joueurs de niveau similaire. Habituellement, cette façon d’agir est préférable pour s’assurer que les néophytes s’amusent et aient l’occasion de progresser. Ici, on retrouve autant des joueurs de premier niveau que des vétérans de niveau 30 et au-delà. Pour un jeu sorti il y a trois jours, cette progression témoigne soit d’une passion sans bornes, soit d’un manque absolu d’autres tâches à accomplir.
Un peu de mordant
Le seul des trois modes qui se distingue réellement est celui intitulé IX, et qui met en scène quatre joueurs humains chargés de repousser des hordes de morts-vivants. Si le concept déroute en premier lieu, avec cette arène romaine où une divinité semble vouloir tester la résilience des quatre personnages en les menaçant de créatures mythologiques et fantastiques toujours plus puissantes, il suffit d’y jouer à quelques reprises pour bien en saisir les ramifications.
S’il est certes étrange de combattre des zombies, puis des guerriers de l’Antiquité, ou encore des tigres géants qui explosent sous l’impact des balles, l’idée générale est franchement agréable: en tuant des monstres, le joueur accumule des points qui serviront à s’équiper d’armes plus puissantes, à déverrouiller de nouvelles sections de l’arène, et, en fin de compte, à s’attaquer à des adversaires toujours plus menaçants. Encore mieux – et contrairement à tous les autres modes de jeu de Black Ops 4, où l’individualité règne en maître –, les joueurs cherchent ici à s’entraider, à se protéger mutuellement, et à se guider suffisamment pour que tous puissent survivre assez longtemps pour progresser.
L’idée a franchement du bon, mais ce mode de jeu rappelle aussi, malheureusement, que Valve a abandonné l’excellente franchise Left 4 Dead depuis bientôt une décennie. On trouvera bien sûr davantage de joueurs de Black Ops 4, au cours des prochains jours, que de joueurs de Left 4 Dead, ce qui pourrait convaincre les amateurs de morts-vivants de s’intéresser au titre de Treyarch et de Beenox.
Ceci étant dit, le mode zombie vaut-il à lui seul les près de 80$ exigés pour se procurer l’édition normale de Black Ops 4? Bien honnêtement, non. Encore une fois, les amateurs de la série y trouveront probablement leur compte, mais avec cet énième version du même concept, il y a bien longtemps que les développeurs ont emprunté la recette Disney/Marvel: des produits beige, suffisamment intéressant pour plaire à un public déjà conquis, mais jamais rien de révolutionnaire ou de franchement audacieux.
Call of Duty – Black Ops 4
Développeurs: Treyarch et Beenox
Éditeur: Activision / Blizzard
Plateforme: Xbox One, PlayStation 4, Windows (testé sous Windows)
Jeu disponible en français