Hugo Prévost
Michel vient de trouver la perle rare: un disque de jazz qu’il recherche depuis plusieurs années vient d’entrer en sa possession. Tout heureux de l’écouter sans plus attendre, le quinquagénaire devra en fait prendre son mal en patience, voire surmonter toute une série d’obstacles pour obtenir enfin Une heure de tranquillité.
La pièce écrite par l’auteur français Florian Zeller, présentée au Théâtre Jean-Duceppe, est présentée comme une comédie légère visant à bien clore l’année avant les vacances des Fêtes, et on aurait certainement tort d’en attendre quoi que ce soit d’autre. Roger La Rue interprète le personnage principal, un père de famille un peu bohème, limite artiste sur le retour, sur qui s’abattent possiblement toutes les tuiles possibles, alors qu’il désirait seulement écouter ce disque tant espéré.
De son épouse rongée par le remord et déprimée à sa maîtresse qui menace de dévoiler le pot aux roses, en passant par son fils plus qu’excentrique en recherche d’amour, l’entrepreneur véreux, ou encore le voisin un peu trop insistant, Michel n’aura certainement pas une seconde à lui.
Vaudeville dans le sens le plus classique du terme, Une heure de tranquilité exploite correctement la scène anormalement large de Jean-Duceppe, mais si la scénographie et les décors tiennent la route, impossible d’en dire autant pour le texte. Bien entendu, l’idée n’était pas de s’embarquer dans un drame complexe mettant en scène des personnages à la profondeur insondable. Nous sommes là pour nous divertir, après tout! Mais même en s’appuyant sur cette prémisse, la pièce souffre de problèmes d’écriture et de rythme. Certains gags font rire, d’autres tombent à plat, et le nombre quasi-effarant de rebondissements fait passer le spectateur de la surprise agréable à un certain ennui.
Les différences notoires entre le père et le fils, l’un adulte « accompli » s’estimant « cultivé », l’autre adulescent éternel « habillé en gothique », par exemple, sont légèrement clichées. Tout comme le gag de l’entrepreneur ne comprenant pas très bien le français. On se demande d’ailleurs ce qu’Antoine Vézina a fait pour avoir besoin de jouer ce rôle lui donnant un air simplet. Tout l’ « arc » narratif à propos du fait qu’il soit véritablement Portugais, plutôt qu’Italien, n’a absolument aucune incidence sur le reste de la pièce, et semble ne servir qu’à gruger du temps. Idem, dans une moindre mesure, pour le voisin du dessous qui vient se plaindre d’une fuite d’eau. On se croirait dans une version étrangement modernisée de la Comedia dell’arte, mais sans s’adonner aux plaisirs des pantalonnades et de la folie entièrement assumée.
La pièce de Florian Zeller n’est pas nécessairement mauvaise, mais gagnerait à voir son rythme resserré, ses dialogues quelque peu retravaillés. Le tout pour que les gags punchent davantage, histoire d’accentuer le côté divertissement de la chose.