Vingt-quatre heures après avoir touché le continent, l’ouragan avait déjà fait plus de 300 blessés, après avoir laissé plus de 60 morts dans son sillage. Il ne s’agit pas de celui qui a frappé la Caroline du Nord, et dont parlent tous les médias nord-américains, mais de celui qui, après avoir traversé les Philippines vendredi, a frappé la côte chinoise dimanche.
Dès vendredi, le typhon Mangkhut avait atteint le statut de plus puissante tempête du monde depuis le début de 2018 — deux à trois fois plus puissant que Florence: des pluies diluviennes, des vents soutenus de 205 kilomètres à l’heure et des rafales de près de 260. Cet ouragan de catégorie 5 faisait alors près de 900 kilomètres de large par 10 kilomètres de haut, selon les données satellites de la NASA.
C’est dans cet état qu’il a touché terre une première fois, samedi matin, dans la partie nord des îles des Philippines, où au moins 60 personnes sont mortes en fin de semaine. Notamment des suites d’un glissement de terrain. Juste avant qu’il n’atteigne ensuite le sud de la Chine dimanche midi, heure locale, l’Observatoire de Hong Kong avait enregistré des rafales de 230 kilomètres à l’heure et des vagues allant jusqu’à trois mètres dans le port. Dans la métropole voisine, le typhon avait forcé l’évacuation à l’avance de plus de deux millions de personnes. En comparaison, le nombre d’évacués pour toute la Caroline du Sud à l’approche de Florence était estimé à un million et demi. De nombreuses vidéos de citoyens ont montré à Hong Kong tout au long de la journée de dimanche des fenêtres pulvérisées, des arbres arrachés, des édifices vacillants et une grue tombant d’un toit. Un grand nettoyage était en cours lundi.
Rappelons qu’ouragan et typhon sont deux mots pour désigner la même chose — un cyclone tropical en langage de météorologue. Typhon est le terme traditionnellement utilisé en Asie. Par contre, ils frappent en Asie avec des vents généralement plus puissants: au cours des six à sept dernières décennies — la période pour laquelle on dispose de données généralisées — l’ouest du Pacifique a reçu trois fois et demie plus de cyclones tropicaux avec des vents soutenus de 190 kilomètres à l’heure et plus, et trois fois plus « d’énergie accumulée », une formule qui mesure la force et la vitesse des vents, mais aussi le nombre d’heures pendant lesquelles ils durent. Une des raisons est que les eaux de l’ouest du Pacifique sont plus chaudes que celles de l’ouest de l’Atlantique, et cette chaleur fournit le carburant aux tempêtes.
En Asie enfin, ils font généralement plus de morts parce qu’ils frappent des régions plus pauvres, où les infrastructures sont moins solides et les habitations, moins bien protégées ou pas protégées du tout.
Déjà cette année, 23 tempêtes du Pacifique ont eu droit à un nom, comme Mangkhut, contre 10 dans l’Atlantique, comme Florence.
2 commentaires
Pingback: Quand une association de profs de science doit prendre position sur le climat
Pingback: En Indonésie, le désespoir face au manque d’eau et d’aide humanitaire