Cindy Leclair
Si on avait demandé au réalisateur Dante J. James de faire un film résumant l’histoire de la belle époque du jazz, il n’aurait pu mieux faire.
À travers divers documents filmographiques noirs et blancs de l’époque de l’entre-deux guerres, de reconstitutions avec des musiciens contemporains et d’entrevues avec divers universitaires spécialistes de la question, il brosse le portrait du développement du hot jazz (ou jazz de la Nouvelle-Orléans) de style américain et français et du be-bop.
Le cœur de son documentaire se passe à Paris, plus précisément à Montmartre, petite banlieue au début du vingtième siècle, où logent les artistes en tout genres. La France n’ayant pas de lois ségrégationnistes comme le sud américain, plusieurs noirs des Etats-Unis viennent expérimenter pour eux-mêmes cet esprit de liberté qui y règne depuis l’Armistice de 1918 tant vanté outre-Atlantique.
Les clubs de Montmartre pullulent et les riches, Parisiens et touristes, viennent s’y encanailler et y écouter de la musique en tout genre. Le jazz qui s’y joue à l’époque est en pleine évolution et les virtuoses américains Sidney Bechet et Eugene Bullard par exemple, influencent et se font influencer par leurs tenants français, dont le guitariste Django Reinhardt.
La force de ce film est qu’il ne présente pas seulement ces stars du jazz à leur moment de gloire, mais présente aussi leurs tribulations et plusieurs anecdotes de l’époque. Le contexte historique y est bien dosé, et les entrevues et reconstitutions s’agencent bien avec les extraits originaux. En somme, un très beau cours d’histoire de la musique que nous offre James.