Face à la tangente toujours plus légère et humoristique, après l’opus le plus sombre de tout le MCU histoire de célébrer avec panache une décennie d’existence, il fallait bien s’attendre à retrouver un niveau de récréation considérable pour alléger l’atmosphère après la fin dévastatrice de Avengers: Infinity War.
Le hic, c’est qu’on ne s’attendait pas à tomber à un niveau de garderie, faisant de ce Ant-Man and the Wasp l’opus le plus infantilisant que Marvel aura su nous offrir jusqu’à maintenant.
On adore Paul Rudd et son charme indéniable, on n’a rien contre les adulescents alors qu’ils nous font souvent bien rire et l’humour facile arrive habituellement à toucher sa cible. Après tout, le flamboyant Thor: Ragnarok de Waititi demeure encore aujourd’hui l’une des meilleures entrées dans la série, naviguant toujours entre le bon-enfant et le politiquement incorrect, sans jamais se permettre d’amoindrir le plaisir constant qui se fait savourer tout du long. Seulement, la paresse est partout dans ce nouvel opus de Peyton Reed, ici de retour après avoir repris le contrôle de la franchise lors du départ de Edgar Wright.
Reed, on le sait, a la comédie dans le sang et un don inné pour rassembler, Bring it On et Yes Man étant de bons exemples de ce qu’il sait faire de mieux dans son répertoire limité. Ce n’est donc pas surprenant que les scènes d’action ne soient pas sa force et que celles-ci, malgré plusieurs tours de passe-passe grandement réussis et ingénieux, ont vite fait le tour de leur potentiel sans pour autant aller au-delà de leurs promesses de départ.
Pire, le scénario, dont sont responsables pas moins de cinq têtes, va dans tous les sens sans même aspirer à un semblant de continuité, faisant de l’ensemble une succession de scènes qui ne cherchent même plus à cadrer intelligemment dans l’univers de Marvel. (On pourra en débattre longuement, mais la scène cachée, peu surprenante, ne fait aucun sens).
D’ailleurs, le film commence carrément comme un épisode télévisuel et se contente par la suite de cocher des cases pour satisfaire sans vraiment vouloir surpasser les attentes et sans vraiment esquisser un semblant d’enjeux ou de dangers. Il n’est ainsi pas surprenant d’y retrouver deux des auteurs responsables du Spider-Man: Homecoming d’il y a quelques années tout comme de Jumanji: Welcome to the Jungle, deux films bien représentatifs de ce manque évident et souvent frustrant de complexité et de profondeur qui fait néanmoins passer un moment pour ainsi dire agréable.
Seulement, si cet humour puéril fonctionnait dans un contexte d’école secondaire, cela ne fait aucun sens de donner l’impression que ses personnages adultes sortent tout droit d’une émission pour enfants.
Relativement niais, l’humour fait ici défaut et les répliques, pratiquement névrosées par moment, occultent celles qui ont du mordant (comme Marvel sait habituellement si bien le faire), pour nous endormir dans un ennui pratiquement abyssal.
Tout cela est bien dommage, puisqu’on aurait aimé autant s’amuser que le film le prétend. Après tout, c’est ponctué de savantes compositions de Christophe Beck en mode Michael Giacchino, les effets spéciaux sont souvent très bien réussi, le rythme est vif et la distribution jouit de noms imposants dont on ne tire jamais profit.
Evangeline Lilly est beaucoup plus à l’aise que dans le premier film, sa chimie avec Rudd fonctionnant mieux quand on n’essaie pas trop de leur inventer une histoire d’amour; Michael Douglas est un peu perdu, mais il est certainement heureux d’y trouver une Michelle Pfeiffer qui aimerait plus de temps d’écran au même titre que Laurence Fishburne.
Randall Park est toujours aussi agréable à retrouver, alors que Walton Goggins continue de se trouver un rôle en deçà de ses capacités après ses participations aux nombreux Tomb Raider et Maze Runner : The Death Cure, pour ne nommer ceux-là, pouvant que comme Christoph Waltz, sans Quentin Tarantino, il est assez perdu. Tout cela c’est sans mentionner à quel point on réduit encore davantage le talent de Judy Greer et Bobby Cannavale que le premier film le faisait, tout en rendant encore plus agaçante la présence de Michael Peña, alors que Disney essaie encore de trouver comment judicieusement l’utiliser après sa présence inexplicable dans son raté A Wrinkle in Time.
Ant-Man and the Wasp est donc l’exemple même de la facilité fait avec un semblant de talent. Cela reste un gros blockbuster de qualité qui ne devrait pas vous faire regretter ces quelques heures au frais en salles sombres, le remède idéal pour s’évader de l’été le temps d’un instant. Il est néanmoins dans le courant inquiétant des grosses productions de cette année qui s’amusent ad nauseam à pousser des franchises au seuil de l’extinction (Ocean’s 8, Jurassic World : Fallen Kingdom, Incredibles 2 et compagnie), démontrant que les bonnes idées de la veille ont certainement dépassé leur tour de piste, ne cherchant plus ici qu’à faire de l’argent sans même essayer de stimuler notre intellect. Inconséquent et souvent navrant. Dommage.
5/10
Ant-Man and the Wasp prend l’affiche en salles ce vendredi 6 juillet avec plusieurs représentations spéciales ce jeudi.
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