La nouvelle politique des océans américaine élimine de son plan d’action la question du climat et celle de la conservation marine, mise en place par l’administration Obama. Place au travail et à la sécurité nationale, préconise l’administration du président Donald Trump avec l’adoption d’une ordonnance qui révoque cette politique mise en place en 2010.
Il s’agit là d’un changement d’orientation majeur pour l’Agence américaine des océans et de l’atmosphère (NOAA) qui écartera ainsi les changements climatiques de son agenda. En raison de son travail de collection de données scientifiques et d’analyse, par le biais notamment de sa flotte de satellites d’observation de la Terre, elle était devenue l’une des plus importantes agences scientifiques fédérales américaines à se préoccuper du climat.
Une grande partie de son travail, avec la gestion du Service national météorologique (National Weather Service), visait à comprendre par exemple le cycle de phénomènes atmosphériques, tel qu’El Niño, le pistage d’ouragans et la surveillance côtière lors des grandes marées.
Dans la présentation de la nouvelle politique, le mot « climat » a été éliminé de la mission de l’organisation et a été remplacé par « observer, comprendre et prédire les conditions atmosphériques et océaniques », avec une emphase nouvelle sur « protéger les vies et les propriétés, encourager l’économie et supporter la sécurité nationale et la patrie. »
Le préambule de l’ancienne politique qui soulignait « combien les environnements marins sont vulnérables » et qui appelait la nation à augmenter sa « capacité de répondre aux changements climatiques et à l’acidification des océans » passe ainsi à la trappe, tout comme le besoin d’une « politique nationale qui assure la protection, le maintien et la restauration de la santé des écosystèmes océaniques, côtiers et des Grands Lacs » et même toutes les références à la « diversité biologique », à la « conservation » ou encore à la « justice sociale ».
Privilégier l’économie
À la place, l’administration de l’actuel président met l’emphase sur les intérêts économiques et de sécurité des eaux américaines qui sont « fondamentales à la compétitivité mondiale et à la richesse des États-Unis. Les industries océaniques emploient des millions d’Américains et soutiennent une économie nationale forte. La production d’énergie issue des eaux fédérales renforce la sécurité nationale et réduit la dépendance à l’importation énergétique ».
Les priorités diffèrent aussi. Alors que l’ancien président mettait de l’avant la nécessité de « protéger, maintenir et restaurer la santé et la diversité biologique » des océans et de promouvoir les « usages durables et de conservation » des ressources en utilisant les « meilleures connaissances scientifiques » afin d’éclairer les décisions de gestion et « comprendre, répondre et s’adapter à un environnement changeant sous les changements climatiques ». La présente politique s’adresse plutôt, quant à elle, aux agences fédérales pour qu’elles coordonnent la mise en place des « bénéfices économiques, environnementaux et de sécurité pour les générations présentes et futures » et met l’accent sur la nécessité de travailler à « la croissance économique des communautés côtières et la promotion des industries océaniques », tout en augmentant la « sécurité énergétique nationale » et en s’assurant que les « régulations fédérales et décisions de gestions n’empêchent pas l’usage durable et productif des océans, côtes et eaux des Grands Lacs ».
Avec motif de « lutter contre la bureaucratie mise en place précédemment », elle annonce aussi des changements au sein même de l’administration de la NOAA, par l’élimination de certaines sections régionales et la création d’un Comité politique des océans, à la tête d’un sous-comité dédié à la science et la technologie et d’un sous-comité responsable de la gestion des ressources humaines.
Et c’est sans compter sur le recul à prévoir dans la vaste collecte de données sur le climat destiné à aider les dirigeants à prendre des décisions éclairées et à encourager la collaboration entre le gouvernement et les agences fédérales afin de guider les activités de développement et conservation maritime, un plan entrepris sous la précédente administration.
Depuis quelques années, la NOAA est la cible d’attaques des Républicains, dont l’actuel président du Congrès sur les sciences, l’espace et les technologies à la Chambre des représentants des États-Unis, le congressiste Lamar Smith. Ce dernier avait déjà accusé la précédente administration et des chercheurs fédéraux d’avoir falsifié des recherches sur les changements climatiques pour poursuivre leur « agenda suspect sur le climat ».
Il subsiste de nombreuses questions à propos de ce changement de cap majeur de l’agence fédérale des océans et de l’atmosphère, dont sa capacité d’aller de l’avant sans le Congrès — la structure et la mission de la NOAA sont définies par 127 mandats de cette instance, responsable aussi de voter son budget. Changer la mission de cette organisation exigera également une longue procédure règlementaire, laquelle a déjà causé des soucis à l’administration Trump.
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