On dit souvent de la cinéaste Ava DuVernay qu’elle est visionnaire, et, si son Selma était effectivement une production d’une immense importance, on se demande sincèrement comment elle a pu chuter aussi bas dans les méandres confus et formatés de l’usine de Disney avec une adaptation cinématographique de A Wrinkle in Time, d’après le roman de Madeleine L’engle, qui pourrait difficilement tomber autant à plat.
Visiblement créé dans l’ère du temps avec ses familles métissées, ses problèmes sociaux, son héroïne jeune, féminine, colorée et qui tente d’unir ses forces et ses faiblesses avec ses doutes, voilà une méga-production qui avait tout pour être la proposition familiale par excellence, surtout que ses nombreuses valeurs décriées y sont plus qu’essentielles.
Le hic, c’est que bien que supérieure aux adaptions de Alice in Wonderland ou même le pitoyable Tomorrowland, la création s’avère être un ramassis maladroit d’idées qui font preuve d’une imagination foncièrement paresseuse. Évoquant une déclinaison peu inspirée de l’indémodable The Wizard of Oz, on y suit la jeune Meg, son frère adoptif et un copain d’école tenter de retrouver son père astrophysicien mystérieusement disparu depuis quatre ans, alors qu’ils sont aidés et guidés par trois guides spatio-spirituelles.
Orgie d’effets spéciaux CGI de qualité foncièrement inégale, on est tantôt ébahi et souvent dégoûté alors qu’on multiplie divers tableaux dont l’importance ne s’explique que très rarement. Pire, on se désole à y voir une belle distribution être utilisée aussi vainement.
Bon, Reese Witherspoon est aussi insupportable que dans Big Little Lies, elle qui avait pourtant eu la main heureuse en s’amusant avec les contes de fée moderne dans le méconnu Penelope. Oprah Winfrey et David Oyelowo y sont surtout pour satisfaire leur amie DuVernay, Michael Peña et Zach Galifianakis sont pratiquement inutiles, et on espère que Ocean’s Eight a beaucoup plus à offrir à la pourtant pétillante Mindy Kaling. Si Gugu Mbatha-Raw mérite bien plus de temps d’écran, on trouve amusant de voir Disney se plier en quatre pour continuer de garder des rôles à Chris Pine, lui qui a pourtant été repêché par les franchises compétitrices de Disney, soit l’autre clan galactique avec Star Trek et par DC avec Wonder Woman. Il s’en était toutefois bien mieux sorti avec son rôle inoubliable du prince charmant dans le savoureux Into the Woods.
Pour ce qui est des plus jeunes, bien qu’on les laisse rarement à eux-mêmes, on sent néanmoins le potentiel dans la timide Storm Reid, alors que Levi Miller, lui qui grandit à vue d’œil, méritait mieux qu’un rôle de faire-valoir après le mésestimé Pan de Joe Wright.
Souvent pathétique, A Wrinkle in Time dégage toutefois une sincérité par moment désarmante qui parvient à nous faire croire que beaucoup d’amour et d’âme ont été insufflés dans le projet, ce même si le résultat est difficilement convainquant.
Fidèle à leurs habitudes, Disney a gardé tous les suppléments pour le disque Blu-Ray, à l’exception toutefois de deux vidéoclips qu’on retrouve sur le disque DVD.
Voilà donc une production qui risque d’émerveiller sans mal les plus jeunes en quête de magie et de fantaisie pour les divertir. Pour tous ceux qui en ont vu d’autres, cela risque surtout de multiplier les déceptions.
4/10
A Wrinkle in Time est disponible en combo Blu-Ray/DVD et en DVD via Disney dès ce mardi 5 juin 2018.
En complément:
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