Le film La chute de Sparte, réalisé par Tristan Dubois et adapté du roman de Biz, commence sur les chapeaux de roues: avec le personnage principal, Steeve Simard, qui livre une charge à fond de train contre son propre prénom. Un petit trait d’humour à l’image de cette oeuvre rafraîchissante.
Steeve Simard, donc. Steve avec deux « e », puisque ses parents, installés dans une vie tranquille et sans remous à Saint-Lambert, estiment que l’anglais est la voie qu’il faut absolument emprunter pour atteindre le succès.
Steeve, c’est un ado un peu maladroit, qui n’a pas beaucoup d’amis. Qui se plonge dans Miron et dans les grands auteurs plutôt que de courir les filles. Remarquez, il aimerait bien les courir, ces jeunes femmes séduisantes, surtout Véronique.
Le problème, c’est que Véronique l’ignore, et sortait jusqu’à tout récemment avec « Giroux », le musclé et patibulaire quart-arrière de l’équipe de football de l’école, les Spartiates. Et qu’il ne reste, pour Steeve, qu’à continuer de faire sa vie de finissant du secondaire avec son ami Virgile. Sauf, si, peut-être…
On l’aura compris, le scénario de La chute de Sparte ne diffère pas beaucoup de celui de quantité d’oeuvres du genre apparues sur les écrans depuis des décennies: l’adolescent un peu rêveur, résolument intello, s’éprend de la belle qui semblait pourtant être attirée par les bad boys. Et à travers une série d’aventures et de mésaventures, notre héros tentera de surmonter ses peurs et les obstacles de la vie adolescente pour en émerger, triomphant, la jeune femme dans ses bras et l’avenir devant lui. Soit.
Ce qui change, toutefois, c’est le ton adopté. Trop souvent a-t-on vu des protagonistes faire résonner une morale nunuche, transmettre des messages simplistes, voire carrément idiots à propos de l’adolescence. Ici, Steeve a lu Miron – et fréquente la polyvalente du même nom -, déclame de la poésie, se targue d’avoir lu « toute la bibliothèque d’Alexandrie ». Le regard sur le monde des adultes, jugé beige, voire délétère, est cynique comme il se doit, mais si l’on emprunte certains raccourcis, avec entre autres des commentaires négatifs sur les médias (on ne se refait pas, hélas!), l’aventure s’avère être davantage intellectuelle que physique.
On ne se débarrasse néanmoins pas de tous les codes: la longue première partie de football, par exemple, aurait gagnée à être resserrée au montage, tout comme la scène de l’obligatoire party. Et que dire du cliché de la prof trop séduisante, transformée en fantasme ambulant dans l’esprit de jeunes hommes aux hormones un peu trop actives?
Mais à l’image des jump scares dans l’excellent Les affamés, les films de genre se doivent de disposer de certaines sections typiques de leur catégorie respective. En ce sens, donc, La chute de Sparte respecte les exigences du milieu. Cela n’empêche certainement pas le film, ni son réalisateur, d’améliorer l’ordinaire de ce genre de films en y injectant une bonne dose d’intellectualisme et de culture générale.
Cette Chute de Sparte s’avère donc être une expérience amplement satisfaisante, qui saura plaire autant aux parents qu’à leurs enfants, qu’ils soient adolescents ou non. Et avec un peu de chance, les futurs films du genre sauront éviter les écueils habituels de la mièvrerie et du rabaissement intellectuel que l’on constate trop souvent dans ce type d’oeuvres.
À voir!
La chute de Sparte sera à l’affiche au Québec dès vendredi.
En complément:
https://www.pieuvre.ca/2018/05/29/de-fascinantes-absurdites-quebecoises-a-suivre-en-rafale-dans-faits-divers/