Après toutes les réformes que l’éducation a connues depuis les années 1960, il est intéressant de prendre un pas de recul et de se poser encore une fois la question: qu’est-ce que l’éducation?
En reprenant la même structure que celle utilisée par René Descartes dans son Discours de la méthode, Raphaël Arteau McNeil, construit son plaidoyer pour le retour aux classiques, dans La perte et l’héritage – Essai sur l’éducation par les grandes œuvres. En remontant aux Grecs anciens, il démontre comment les sociétés ont, tour à tour, voulu effacer toute trace culturelle de leurs prédécesseurs, s’en approprier une partie, ou encore les mettre en valeur et construire à partir d’elles, en reconnaissant leur importance.
Arteau McNeil élabore patiemment son argumentaire et les sources qu’il cite demeurent accessibles et variées. Tout ça se tient et se lit presque comme un roman. On a hâte à la page suivante, malgré le pessimisme qui ne peut manquer de se dégager des constats de l’auteur: depuis Descartes, l’éducation serait devenue utilitaire, axée sur la seule science et sur la productivité. Même l’amour passe sous le bistouri des scientifiques et est décomposé en réactions chimiques, en molécules et en système de récompense biologique. C’est d’ailleurs dans la section sur l’amour qu’Arteau McNeil baisse un tant soit peu sa garde et, par conviction profonde, nous présente ses propres arguments et refuse de laisser mourir le romantisme.
Publié chez Boréal, cet ouvrage devrait être inscrit comme lecture obligatoire, non pas pour les étudiants, mais bien pour les enseignants et les professeurs. Un peu de tenue, un peu de contenu, que diable!
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