Si la question de l’immigration continue de provoquer de vifs débats au Québec, au Canada et ailleurs dans le monde, l’argument économique, lui, semble favoriser les partisans de l’arrivée de nouveaux travailleurs. Selon un récent rapport du Conference Board du Canada, la croissance économique nationale diminuerait de près de la moitié en cas d’arrêt total de l’immigration.
L’étude, dont l’organisme a fait état mardi par voie de communiqué, indique ainsi que si le Canada fermait entièrement ses frontières, la croissance économique ralentirait, passant d’un taux tendanciel de 1,9% à une moyenne annuelle de 1,3%.
« Il est peu probable que le Canada se ferme complètement à l’immigration, mais construire ce scénario nous aide à mieux comprendre la contribution des nouveaux arrivants à l’économie du pays, explique Kareem El-Assal, associé de recherche principal, Immigration, au Conference Board du Canada. Si le Canada fermait ses portes à l’immigration, il subirait un recul de sa population active, un ralentissement de sa croissance économique et de plus grandes difficultés pour financer des services sociaux comme les soins de santé. »
La réflexion sur l’importance de l’immigration prend un nouveau sens à l’aune de l’information, transmise par le Conference Board, voulant qu’en 2034, les nouveaux arrivants représenteront 100% de la croissance démographique du pays, le nombre de décès devant surpasser celui des naissances.
Vieillissement accéléré
Si l’on fermait les vannes de l’immigration, indique-t-on encore par voie de communiqué, 26,9% de la population canadienne aurait atteint ou dépassé l’âge de la retraite en 2040, ce qui représenterait probablement une pression extrêmement forte sur les travailleurs et les finances publiques. Le ratio travailleurs-retraités passerait ainsi de 3,6 à 2.
« Dans ce scénario sans immigration, il deviendrait encore plus difficile au Canada de payer des services sociaux comme les soins de santé, dont les dépenses deviennent plus élevées à mesure du vieillissement de la population. Les gouvernements de tout le pays devraient probablement augmenter les impôts pour compenser la baisse du nombre de travailleurs. En outre, en raison de la diminution de la population active, de la faiblesse de la demande intérieure, et des perspectives d’augmentation de la pression fiscale et des impôts, les entreprises renonceraient probablement à leurs activités au Canada, ce qui ferait baisser les niveaux d’investissement des entreprises », poursuit le Conference Board.
La solution, dans un monde sans immigration? Une augmentation importante de la productivité pour compenser les impacts économiques. Ces gains ne seraient toutefois atteignables qu’en raison d’investissements publics et privés majeurs, une perspective difficilement envisageable dans un contexte de resserrement de la marge financière de l’État.
Pour éviter cette impasse, le Conference Board du Canada propose de porter à 400 000, d’ici 2030, le nombre d’immigrants acceptés chaque année au Canada, afin « d’obtenir une croissance modeste de la population, de la population active et de l’économie du Canada ». Ces arrivées représenteraient alors une augmentation de 1% de la population sur une base annuelle, en s’appuyant seulement sur les nouveaux arrivants.
L’organisme ne donne toutefois aucun détail sur les coûts d’intégration et d’accueil de ces nouveaux arrivants.