Pour de nombreux politiciens, de Justin Trudeau à Emmanuel Macron, la transition vers des énergies plus vertes se fera sans diminution du niveau de vie. Faux ! Répond Sarah Cacoub. Dans son mémoire de maîtrise à HEC, Montréal, celle qui est désormais devenue consultante, conclut que la physique nous imposera de décroître.
La croissance verte tant vantée est, pour Sarah Cacoub, « un oxymore » (deux mots dont le sens est opposé). Impossible de continuer à croître tout en pensant diminuer nos déchets. Elle n’est pas la première à prôner la décroissance. Mais elle ajoute au débat une des bases mêmes de la physique: les deux lois de la thermodynamique.
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La première stipule que le bilan énergétique d’une transformation est toujours nul. En gros, rien ne se perd, rien ne crée, tout se transforme. Dit autrement, il faut toujours de l’énergie et des matières premières pour produire quelque chose. Même l’économie la plus virtuelle, telle que celle des jeux vidéo, nécessite des ordinateurs, des bureaux et des voitures pour aller à des réunions.
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La seconde loi dit que toute transformation énergétique est irréversible. Par exemple, un ballon gonflé se dégonflera toujours. Et il est impossible qu’il se regonfle tout seul. Résultat, si on veut maintenir une logique de croissance économique, il faudra toujours un apport d’énergie nouveau pour produire plus de biens. Quant au recyclage, il atteindra tôt ou tard ses limites, un produit devenant de moins en moins utilisable au fur et à mesure des transformations.
Sarah Cacoub est également critique envers l’efficacité énergétique, en raison de « l’effet rebond »: « Si vous installez des ampoules basse-consommation et réduisez votre facture d’électricité, vous n’allez pas jeter l’argent à la poubelle, mais le dépenser ailleurs… et favoriser la croissance économique. »
« Aujourd‘hui, aucun processus d’énergie alternative ne peut se reproduire sans un flux de combustibles fossiles », donc un risque de cannibalisme énergétique, c’est-à-dire un amoindrissement de l’énergie disponible pour les autres besoins de la société. « La croissance infinie sur Terre, même celle que l’on nomme verte, semble donc impossible », conclut-elle.
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