L’exposition Toujours la coquille de l’autre always the shell of another de l’artiste Celia Perrin Sidarous, présentée à la galerie Parisian Laundry du 13 avril au 19 mai, révèle une esthétique impeccable le temps d’une errance.
L’artiste expose ses oeuvres pour la seconde fois dans cette galerie. Lieu industriel, le nom de l’établissement gravé sur une pierre carrée au-dessus de la porte nous accueille à l’entrée. Alors qu’à la sortie, c’est le Poste Maisonneuve d’Hydro-Québec en béton qui se dresse devant nous. Au vernissage, le temps gris et pluvieux transformait la galerie en refuge. Les photographies étaient affichées aux quatre murs de la salle rectangulaire. Au centre, il y avait un long socle disposé en diagonale sur lequel étaient déposés de petits objets.
La première photo montre une patte de lion appartenant à une sculpture antique reconstituée à laquelle il manque au moins un morceau. Le sujet est banal et drôlement cadré. Cette image ne suscite aucunement mon attention, si ce n’est que de me rappeler ma visite du Musée des Arts de l’Asie à Paris. Ces morceaux de temples qui auraient mieux faits de demeurer dans leur lieu d’origine, plus pertinents dans la composition d’ensemble. La seconde photo, des feuilles d’un arbre tropical séchées, m’a découragé. Je suis parti à la recherche d’une explication textuelle.
«Le passé est présent. Un rythme régulier, une rotation interprétée par le tour du potier: des contenants vides, manifestement. Rythme en écho au battement de la pellicule qui avance. Des mouvements fugitifs, des gestes légers et malgré tout la trace qui dicte la forme. Spirales et matière. Voici le travail des mains», se conclut le texte explicatif de l’exposition signé Iliana Antonova.
Ce sont les contrastes de la troisième photographie qui m’ont fait adhérer à la série. Sur un cube de plâtre informe, un coquillage est fixé à côté d’une pelure d’orange séchée avec tige et feuilles, sur un fond vert sombre d’un certain grain. De la force des textures, une composition prend forme. Le blanc du cube et de l’intérieur de la coquille devient mat et en suspens derrière le reflet de la vitre. Puis on voit à peine le dos orangé de la coquille qui rejoint celui de la pelure entrecroisant le vert de la tige et des feuilles, ainsi que celui du fond. Une dynamique se fusionne d’une forme à l’autre au point de créer un effet perceptuel saisissant.
La stimulation visuelle provient de l’action de cibler un attrait visuel comme la main, le rouge des ongles vernis ou la colonne torsadée et de tenter d’y tracer une continuité d’un cadre à l’autre. Ainsi, un livre d’archéologie prend le relais du support de l’installation muséale de la première photo.
D’une première adhésion, la comparaison de l’image en question à la suivante amène le visiteur à déchiffrer un langage visuel qui se complète en faisant un tour complet des œuvres exposées. Au centre, les objets disparates ne sont pas les artéfacts, les coquillages ou autres objets présents dans les images. Ce sont des objets de grès et de porcelaine peints, non figuratifs, aux angles pas nets. Pourquoi ne pas y voir la matérialisation de l’impression que l’on ressent en observant les images ? Il s’agirait d’un contraste entre la deuxième et la troisième dimension.
À cela, s’ajoute la projection d’un film évoquant un séjour en Grèce pour compléter l’expérience visuelle.
Plasticité sublime.
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