Il y a longtemps que les psychologues savent que notre mémoire est perpétuellement « retravaillée »: chaque fois que nous visualisons un souvenir ou que nous le racontons, nous courons le risque de le modifier dans notre tête. Serait-il possible que ce phénomène soit aujourd’hui amplifié par notre tendance à prendre de plus en plus de photos avec nos téléphones?
C’est une question sur laquelle se penchent en ce moment plusieurs équipes de recherche, et elles sont encore loin d’avoir une réponse nette: selon le journaliste Brian Resnick, l’usage intensif du téléphone pourrait autant avoir pour effet d’altérer les souvenirs d’un événement… que de les renforcer. Il faut se rappeler que ce qui détermine avant tout l’implantation d’un souvenir durable, c’est l’attention que nous lui avons portée. Par conséquent, le fait d’avoir abondamment photographié un événement pourrait contribuer à mieux « l’imprimer » dans notre cerveau. À l’inverse, une recherche récente parue dans le Journal of Experimental Social Psychology et consacrée aux visiteurs d’une église sur le campus de l’Université Stanford, ainsi qu’aux spectateurs d’une conférence TED, conclut que ceux qui avaient photographié gardaient des souvenirs moins précis — lorsque les chercheurs les avaient testés, une semaine plus tard.
Le problème avec cette conclusion est que nos téléphones ne sont pas que des téléphones et que les « cobayes » qui étaient autorisés à les utiliser pendant l’activité ont pu être distraits par d’autres activités — texter, envoyer leurs photos sur Facebook, etc. — qui ont contribué à « imprimer » moins durablement les souvenirs dans leurs cerveaux.
En complément:
https://www.pieuvre.ca/2018/03/25/votre-grand-mere-peut-aussi-bien-comprendre-la-science-que-votre-grand-pere/