Entre la somptueuse City Lights Booksellers & Publishers de San Francisco et l’indéracinable L’Insoumise de Montréal, la Chicago Public Library’s (CPL) est devenu un autre refuge pour la contre-culture grâce au bibliothécaire Jeremy Kitchen, rapporte le Chicago Reader du 16 mars.
Les stéréotypes de la profession ne s’appliquent pas au bibliothécaire en chef de la CPL Richard J. Daley Branch. Âgé de 47 ans, costaud, tatoué, portant une casquette et une chemise hawaïenne à motifs colorés, Jeremy Kitchen a été le chanteur de plusieurs groupes de punk rock et il est un vétéran de la guerre du Golfe. Son parcours atypique le qualifie pour saisir les besoins d’un public qui s’intéresse de moins en moins aux affaires académiques traditionnelles. Il arrive à rejoindre ceux qui ne sont pas portés vers la lecture.
Accompagné de Jamie Trecker et Mike Sack, Jeremy Kitchen anime l’émission Eye 94 diffusée les dimanches et les jeudis sur les ondes de Lumpen Radio afin de discuter de littérature avec des auteurs plus ou moins connus. «Nous lisons tous les livres du début à la fin. Je pense que nous lisons quelque chose comme 2000 pages par mois», a-t-il confié. Le nom de l’émission provient de «I-94», le numéro de l’autoroute qui relie Chicago et Détroit, où Jeremy Kitchen et Mike Sack ont grandi. Il s’agit également du nom de leur entreprise d’édition à la recherche d’écrits originaux pour leur site web.
Avant de devenir bibliothécaire, Jeremy Kitchen a occupé plusieurs postes qu’il décrit comme des «boulots de merde» : observateur d’artillerie dans l’armée, ouvrier dans une usine de lampe de poche et commis dans une épicerie. «Je voulais faire quelque chose qui implique la littérature qui n’est pas l’enseignement. J’ai passé beaucoup de temps dans les bibliothèques quand j’étais jeune et j’ai toujours aimé la liberté intellectuelle que renferment ces lieux. Je me suis intéressé au punk rock pour éviter de devenir un «nerd». J’ai appris très jeunes que les amateurs de livres ne sont pas populaires. Ça a peut-être changé, mais dans la banlieue de Détroit du début des années 1980 ce n’était pas le cas», a-t-il confié. Après avoir terminé ses études à la Dominican University, il a obtenu le poste de libraire à la CPL Northtown Branch en 2000.
Jeremy Kitchen a lancé l’événement Punk Rock and Donuts après avoir collaboré avec la firme de design IDEO, un projet qui l’a conduit à une conférence de bibliothèque à Aarhus au Danemark où il a eu l’idée de créer un événement non conventionnel. Avec l’aide du Jackalope Coffee qui fournit le café et les beignes, et de l’administration du CPL, qui offre un local, des spectacles de punk rock sont organisés régulièrement à Bridgeport, ainsi que dans d’autres bibliothèques du réseau.
«Un bon bibliothécaire peut trouver des sources fiables, ce qui est important dans notre climat politique actuel. Nous sommes bombardés de nouvelles sur un cycle de 24 heures, en plus des médias sociaux. La plupart des bons bibliothécaires peuvent écarter la désinformation afin d’offrir aux gens de l’information utile», a-t-il confié au sujet du rôle du bibliothécaire envers sa communauté.
En complément:
2 commentaires
Pingback: Taba-Taba, la grande fresque littéraire
Pingback: La bibliothèque de Chicago en mode punk rock