Les bonnes idées, les délires et les moments de pure euphorie ne manquent pas dans le très éclaté et difficilement classable Mom And Dad. Dommage, toutefois, que le frénétique Brian Taylor se soit lui-même confié la totalité de son projet, puisqu’on ne peut que fantasmer sur le résultat, si tout ceci avait été confié aux mains d’un cinéaste beaucoup plus talentueux.
Suspense psychologique? Film d’horreur? Critique sociale? Comédie noire? Il y a un peu de tout dans cette proposition décalée où une mystérieuse épidémie pousse tous les parents à vouloir assassiner leurs propres enfants. Clairement créé pour faire lever les foules dans les projections de minuit dans les festivals et possiblement devenir un film culte, Mom And Dad se permet également d’aller un peu plus loin et de ne pas tomber trop facilement dans le massacre facile.
À cela, il faut célébrer la présence du complètement déjanté Nicolas Cage (renouant avec le réalisateur après le risible, mais divertissant deuxième volet de la franchise Ghost Rider) qui se déchaîne plus que jamais dans un rôle psychotique à souhait, mais, également, de la trop rare Selma Blair qui nous rappelle comment on l’apprécie et que son talent n’est pas suffisamment utilisé. Juste, imprévisible et d’une nuance implacable, elle vient semer le doute dans le rôle de la mère et se montre à mesure égale, créant des flammèches indéniables et inattendues avec Cage.
De plus, s’il y a bien du gore ici et là, on n’ambitionne pas trop, et on se montre assez raisonnable pour mieux doser le suspense, la tension et l’action, voulant faire du long-métrage un genre de buffet touche à touche qui n’abuse pas trop des bonnes et des mauvaises choses.
Qu’est-ce qui cloche alors d’un film qui faisait déjà sourire avec son excellent générique d’ouverture pastichant avec brio les films d’horreur des années des films Grindhouse? C’est indubitablement le style hyperactif de Brian Taylor. Ce qui fonctionnait de façon raisonnable dans le survolté Crank avec Jason Statham, apparaît comme inapproprié ici, alors que les effets de style inutiles et exagérés ne font pas que voler la vedette, ils empiètent également sur ce qui se déroule dans les scènes et font perdre l’accent et l’intérêt, au point de par moment décourager.
Il y a aussi le scénario décousu qui se permet des sauts dans le temps et des flashbacks plus ou moins justifiés qui saccadent le rythme, brise le ton et allongent par moment le film qui s’avère moins habile quand il se donne des allures plus existentielles.
Mom And Dad est donc une proposition qu’on écoute surtout pour sa bouffée de fraîcheur qui a l’audace de proposer une prémisse d’une belle originalité, pour la performance des deux acteurs de talent qu’on a recruté pour un projet d’une immense folie, et pour le plaisir indéniable qui en découle, alors que ses moments de pure jouissance font pratiquement oublier ses nombreux écarts.
5/10
Mom And Dad est disponible en DVD et en Blu-Ray via VVS Films dès le 27 mars 2018.
En complément:
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